Encore un peu de pluie ce matin. Le risque d’orage persiste jusqu’à ce soir; aussi j’ai décidé de faire une courte étape et de rejoindre, depuis Mackenzie Pass, le camp d’été (très hiker friendly) de BLYC .
En attendant, je passe beaucoup de temps à savourer un cappuccino et des pâtisseries « maison » dans un établissement charmant du centre ville de Sisters. Le temps de recharger l’électronique et de laisser passer une dernière averse.


Vers 10h30, je me décide à faire du stop pour remonter vers le col. Je n’aurai même pas à tendre le pouce. Une dame qui promène son chien me propose de m’emmener vers le PCT. Quand je lui demande si c’est sur son trajet, elle me répond que ça n’a pas d’importance, elle a l’habitude d’aider les PCT hikers. Trail angel …

Nancy (fille et épouse de militaire) à vécu partout sur la planète. Même en France, à Châteauroux. Elle en retient quelques mots et le goût du « bon fromage ». Le trajet de 30 minutes est plaisant et je constate (encore une fois) que les propriétaires de chien prennent volontiers des PCT hikers en autostop. Sans doute moins incommodés par notre parfum d’aventure.

A l’observatoire, je prends quelques photos du décor lunaire de cette étendue de pierre de lave. Il y a toujours des nuages mais le temps est plus clair que la veille.


Puis je me lance sur ce chemin vaguement dessiné dans la roche volcanique. Ce décor inédit (nous n’avons pas d’équivalent en France) est à la fois austère et fascinant. La pierre est sombre et tranchante comme le corail, ne favorisant aucune forme de vie et recouvrant le massif sur des hectares.


Autant, les scories et les cendres sont réputées fertilisantes pour les terres, autant ces coulées de lave petrifiée sont la négation de toute forme de vie.



La marche y est difficile. Mais le silence environnant favorise l’introspection et le sentiment d’être « seul au monde ». Je ferai quelques détours, comme à Little Belknap, pour aller voir les tunnels et les puits que la lave a laissé lors des dernières éruptions. Car le massif est en sommeil. Plus au nord, beaucoup se souviennent de l’éruption du Mont St Helen en 1980.



Je longe le Mont Washington, lui aussi coiffé de son bonnet de nuages. Puis, encore une fois traverse une vaste étendue de forêt brûlée. Ces arbres morts combinés à la pierre de lave donnent à l’ensemble un air de désolation.


Vers 15h30, après 1 mile off trail, j’arrive au camp d’été de Bug Lake Youth Camp. Administré par des adventistes, le camp de vacances est réputé (nombreuses activités). Il est surtout très accueillant pour les PCT hikers. Offrant le campement, un espace commun, une cuisine, une laundry, des douches et des repas. Les hikers sont libres de faire une donation de quelques dollars. Il y règne une ambiance conviviale et relaxante.





Contre toute attente – je le croyais loin devant – je retrouve Julien qui s’est offert un « zéro ». Le temps notamment de laisser passer les orages et de faire le plein de nourriture, car les repas sont généreux.

J’ai aimé cet endroit où nous sommes accueillis simplement mais tellement généreusement. Entre café, lecture et écriture, le temps est vite occupé. Une dizaine de hikers (beaucoup de sobos) partagent les lieux dans un esprit de partage et de respect mutuel. La grande famille du trail !


La pluie va continuer une partie de la soirée (et même la nuit). Je pense qu’elle s’invitera plus souvent sur la dernière partie de cette aventure. Encore 6 à 7 jours d’Oregon, puis ce sera le Washington. Et demain, dans les premières heures je passerai les 2000 miles ( 3210 km). Il ne restera plus que…1000 km avant le Canada.
