J 12 – 12 mai Mile 205,7

Une interminable descente. C’est ce que je retiens de cette journée pourtant riche de contrastes.

Aux premières heures de la matinée, nous attaquons le passage encore très enneigé de Fuller Ridge. Certes, la progression y est délicate, mais ce n’est pas bien méchant. Malgré l’inclinaison de la pente, il nous suffit de prendre appui sur les bâtons et de mettre ses pas dans les traces déjà faites. On s’est plutôt fait plaisir et chacun a eu droit à sa petite glissade sur le cul.

Par la suite, le sentier progresse encore à travers quelques névés avant d’amorcer une très longue descente en zigzags vers la vallée. Nous prenons soin de bien remplir nos bouteilles d’eau car, pendant les 15 prochains miles, il n’y aura aucun point d’eau. Comme la marche dans la neige a titillé ma périostite, je laisse partir Psycho devant et je passerai ainsi toute la journée en solitaire. Même en souffrance, j’adore ces moments ; j’entre dans de longues périodes d’introspection tout en étant attentif à ce qui m’entoure, c’est l’essence même de la marche.

Mont San Jacinto

Attentif, il fallait l’être pour ne pas rater l’unique point d’eau de cette descente de 5 heures: un minuscule ruisseau (suffisant pour refaire le plein). Comment autant de neige peut donner aussi peu d’eau ?

Peu d’eau

Non loin du passage au mile 200 (pfff plus que 2400).

Mile 200

J’ai croisé dans cette descente uniquement nos amis les crotales, tantôt respectueux du code et annonçant leur présence (leur fameuse sonnette), tantôt plus sournois et m’obligeant au dernier moment à faire un saut de cabri. Côté adrénaline, ça fait toujours son petit effet.

Tout en subissant la pente, je maudis le tracé de ce chemin qui nous fait aller d’un bord à l’autre de la montagne. La chaleur augmente au fur à mesure qu’on perd de l’altitude. Le regard est happé par cette vallée désertique couronnée d’éoliennes; elle est traversée par une ligne de chemin de fer, une highway et quelques chemins poussiéreux. On sent d’ici la fournaise qui y règne. Ce sera notre terrain de jeu demain matin.

Vallée de Cabazon

Il est presque 19 heures, quand je termine la journée. Enfin dans la vallée, je plante ma tente au pied de la colline, à côté d’un grand cactus et du point d’eau mis à disposition des hikers par le District. Psycho est déjà là. Nous dînons ensemble. Vers 20 heures, nous sommes rejoints par deux randonneuses, s’installant un peu plus loin.

Il fait très doux. Ce sera probablement ma première nuit sous tente hors du sac de couchage. Le désert s’emplit de petits bruits, un coyote hurle son désespoir, un léger vent caresse la tente. Il y a pire pour s’endormir.

Amorce de la descente
Vue sur le massif San Gorgonio

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