J 121 – 29 août. Mile 2490.

Ce matin, j’ai la chance de trouver rapidement une voiture pour me ramener à Steven Pass. La conductrice m’apprend le décès d’un hiker sur le PCT. C’est arrivé mardi, peu avant Trout Lake. Un jeune allemand de 28 ans a été écrasé par un arbre en passant sur un pont.

Il est fort possible que j’aie croisé sa route lors de cette aventure et, même si je ne le connaissais pas, j’ai le sentiment d’avoir perdu un proche. Je ne peux réprimer une forte émotion devant un tel fait de la destinée. Comme nous tous qui formons cette famille du trail, il était venu vivre un rêve et une belle aventure. Conscient des dangers et des difficultés mais pas au point d’y laisser la vie. Je n’aurai de cesse de penser, comme pour me rassurer, qu’il est sans doute mort en faisant ce qu’il aimait. Mais bon …

C’est avec la boule au ventre que j’entame cette dernière section du Washington. De l’avis de nombreux hikers, à la fois belle et éprouvante.

Départ dans la brume
Et dans les fleurs

Le chemin s’affranchit vite des derniers rideaux forestiers pour atteindre des hauteurs permettant d’observer les nombreux sommets de la région.

Cascades or Rocky mountains ?

Les buissons commencent à se parer de leur tenue automnale. Tranchant avec le vert omniprésent des conifères et des prairies. Ils sont recouverts de fleurs et de baies (blueberries et huckleberries) que je n’hésite pas à grappiller tout au long du parcours.

Le parcours, très accidenté, n’est pas pour me déplaire même s’il est particulièrement éprouvant. Pour la première fois, depuis mon entrée dans le Washington, je coince physiquement lors de certains passages (descentes) où je progresse très lentement en limitant les risques.

Neiges éternelles du Washington
But evergreen state

Un voile de chaleur s’installe sur les sommets et menace de tourner à l’orage. Le chemin s’approche lentement de Glacier Peak, le dernier grand sommet des Cascades avant le Canada. Comme d’habitude, les moments où il s’offre totalement à la vue sont rares. Le PCT est maître dans l’art du suspense et du contournement.

Peaceful way

Quelques beaux lacs (Valhala, Janus, Pear) apportent leur touche turquoise à de magnifiques tableaux. Alimentés par de nombreux ruisseaux coulant depuis les glaciers.

Même en relative méforme, j’essaie de parcourir au moins 25 miles pour atteindre Stehekin en 4 jours. Paradoxalement, je vais aussi vite dans les montées que dans les descentes.

Lors de certains passages délicats, je ne peux m’empêcher de penser à l’accident potentiel. A l’amour de mes proches et ces petites phrases banales « prends soin de toi », « fais attention » … Qui aujourd’hui prennent un relief différent.

Aussi, quand je ressens un profond épuisement, peu avant Pass Creek et son eau glacée, je décide de m’arrêter et d’installer la tente.

Depuis Steven Pass, beaucoup d’espaces de campement sont indiqués et plus ou moins « officialisés ». On y trouve aussi des toilettes sèches en plein air. Où vous pouvez vous soulager, au vu et au su de tout ce qui vous entoure.

Chambre solo
Avec wc collectifs

Ce soir, quelques gouttes de pluie tambourinent sur les parois de la tente. J’avale rapidement mes ramen et quelques fruits secs. Et, harassé de fatigue, je bats sans doute un record dans l’art de trouver le sommeil. Demain matin, je franchirai la barre des 4000 km.

Cascade dans la chaîne des Cascades
Et toujours ces beaux lacs

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