Je me réveille vers 4h30.
Un dimanche matin à Julian, allongé comme un clodo sur un patio de magasin.
Bon, finalement j’ai très bien dormi. Psycho dort encore à poings fermés, j’en profite pour dégainer le smartphone et chercher du wifi. Ça marche. Je m’attaque aussitôt à la rédaction des articles du blog.
J’entends le clocher sonner, le jour se lève et le camion poubelle passe. Le conducteur jette un œil sur le patio et me fait un salut amical. Un chien vient me renifler les pieds et part d’un air dégoûté.
6h30, il est temps de se lever.
Au programme, prendre un café et une apple pie (on s’habitue), passer par les toilettes pour se refaire une beauté et trouver une voiture pour nous ramener à Scissors Crossing.

Cette fois-ci, tout va bien. Un mec sympa un peu trash accepte de nous ramener sur le trail. J’ai droit à partager la banquette arrière avec Todd, son pitbull en fin de carrière, plutôt tolérant. Sur les 12 miles du trajet, il finit par s’assoupir sur mes genoux. Faut dire que, niveau odeur, on jouait dans la même cour.

8h30. Back to the trail. On fait le plein d’eau sous le pont, on salue les deux seuls hikers présents, et c’est parti pour la grimpette.
Le chemin monte tranquillement pendant des heures à travers un paysage digne d’un jardin botanique. Plusieurs cactus sont en fleur et rivalisent de beauté.



Le passage par Julian nous a donné la pêche et la montée s’effectue à un rythme soutenu. Peut-être un peu trop car je ressens une douleur lancinante au niveau du tibia gauche. De fait je ralentis, on n’est pas pressé pour arriver à Warner Springs demain en début d’après-midi. J’ai suffisamment de bouffe pour avoir besoin de rattraper Rosi et Mavis dans la journée. D’autant que la plupart des hikers sont partis ce matin vers 6h30.
Il fait 28 degrés. Psycho marche devant. Le sentier ne fait que monter en pente douce dans les collines.


Dans un des nombreux lacets, il se fige et me fait signe. Un jeune crotale s’est donné pour mission de nous empêcher de passer.

On l’observe, le titille, le photographie mais on ne fait pas les fiers. Un sprint de 3 mètres et hop on a enfin eu notre dose d’adrénaline mode bestiaire. Il nous restera le cougar et le grizzly pour plus tard.
On double quelques hikers harassés par la chaleur.
Pause déjeuner dans une courbe à l’ombre, puis je laisse partir Psycho. La douleur au tibia me préoccupe et je souhaite aller à mon rythme. J’apprécie cette étape à flanc de colline avec des vues splendides sur la vallée San Felipe. Mais l’ombre se fait rare.
J’arrive à l’intersection qui mène vers l’unique point d’eau de la journée. Une water cache très bien approvisionnée et signalée par un panneau devenu célèbre dans la photothèque des pctistes.

L’endroit est plaisant. J’y retrouve Psycho et trois autres hikers (inconnus). Je vais y passer une heure à l’ombre et boire 3 litres.

Je laisse partir les autres puis, bouteilles pleines, je repars sur le trail qui continue à monter. J’avance doucement. Certains passages sont très exposés au vent. Les places de campement sont peu nombreuses. Il est 18 heures et je suis à l’affût d’un endroit protégé pour y passer la nuit à moins de 12 miles de Warner Springs. Dans une courbe, c’est chose faite. Un espace tout juste suffisant pour y planter ma tente et y savourer ma spécialité du soir: purée de pommes de terre au fromage avec du beef Jerky et un échantillon de Nutella (souvenir de mon premier petit-déjeuner à L.A.

Le smartphone ne capte aucun réseau. Je me mets Radiohead sur les oreilles et je contemple la lumière du soir. Cette nuit je dors seul au milieu de nulle part. A ma place.

