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J 7 – 7 mai Warner Springs (puis mile 119,8)

Ce matin, avant même de poser le pied hors de ma tente, je comprends que je ne partirai pas. La douleur au toucher ainsi que l’œdème qui s’est formé au dessus de la cheville me poussent à la prudence. Ce sera une journée de repos et de soin de cette p… de périostite.

Je regarde les autres partir, non sans un pincement au cœur. Ils ont prévu un « zéro » (une journée de repos dans le jargon des hikers) à Idyllwild dans 4 jours. Au mieux je pourrai les rattraper Samedi ou Dimanche.

Pour l’instant, ce n’est pas la priorité. A 8 heures pétantes, le Community center ouvre ses portes. Je me précipite pour aller chercher une poche de glace que j’applique sur le tibia, je prends un café et je m’installe à l’espace computer pour passer des coups de fil et mettre à jour le blog.

Les heures passent. Quatre poches de glace plus tard (j’ai pas compté le nombre de cafés pris), l’œdème s’est résorbé. J’applique le gel ibuprofène et vais m’allonger dans ma tente.

Dans la tente et dans l’attente

C’est fou ce qu’on peut cogiter dans ces moments là. J’observe les hikers du jour, ceux qui vont faire leur lessive, ceux qui passent régulièrement devant la hiker box en quête de nourriture, ceux qui appellent la famille, ceux qui matent des vidéos, ceux qui cuisinent et ceux qui soignent leurs petits bobos. Dans cette catégorie, je suis battu à plates coutures par Mikael, un colosse allemand de 2,05 mètres, qui est immobilisé à Warner Springs depuis le 22 avril. Entorse de la cheville. Je lui demande comment il occupe son temps, il me montre une pile de bouquins « j’ai plus lu ici que ces 10 dernières années » et « hors de question que je rentre en Allemagne sans avoir terminé le PCT« . Le mental. C’est le principal carburant du marcheur.

Vers 13 heures, je passe devant l’airstream de 2 Foot Adventures (magasin d’équipement) et je leur demande s’ils ont des bas ou chaussettes de compression. Bingo ! La vendeuse me propose une paire de mi-bas  étudiés pour la prévention et le soin des périostites. J’essaie, j’achète, je revis. La douleur a quasi disparu et la compression maintient parfaitement la membrane contre le tibia. Je file à la tente, fais mon sac, prépare mon départ et, à 15 heures, je quitte les lieux.

Je vais ainsi marcher pendant 4 heures à un rythme très lent et sans forcer sur les appuis. Les sensations sont bonnes. Me revoici en chemin, au train d’un promeneur dominical certes, mais putain je marche !

Compressé ou con pressé ?

Dix petits miles (16 km) sans douleur, malgré les montées et les descentes. Je kiffe ces instants, je suis à l’écoute de mon corps et de la nature. Je traverse des ruisseaux, des prairies et remonte dans les collines à cactus. Le chemin est facile. Je prends quelques photos de fleurs, je puise de l’eau, je plante ma tente sur un spot tranquille. Je mange des tortillas en regardant la vallée. Le temps est lourd et menaçant. Je m’en fous, j’ai marché.

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