PCT Questions – réponses

En parlant du projet PCT avec les proches, amis et collègues, je constate que beaucoup de sujets d’inquiétude et de curiosité sont récurrents. Voici les questions les plus fréquentes.

Pourquoi partir à cette période de l’année (1er Mai) ?
En raison du relief, des conditions météorologiques saisonnières et de la longueur du sentier, on dispose de peu de temps pour relier les 2 frontières.
Je dois commencer suffisamment tôt pour traverser le désert avant qu’il ne fasse trop chaud, suffisamment tard pour pouvoir passer les cols enneigés de la Sierra et disposer encore de temps pour rejoindre le Canada avant les premières neiges d’automne.
En année régulière, cela signifie que la plupart des randonneurs NOBO (allant du Sud au Nord) partent, comme moi, en avril-mai, et ont pour objectif d’arriver au Canada avant octobre.

Cette date du 1er Mai est très symbolique pour moi car elle fait écho à mon histoire intime. Elle fut il y a 25 ans le point de départ d’un morceau de vie de 5 mois, à la fois magnifique et tragique.

A quels animaux sauvages pourras-tu être confronté ?
Dans le désert, certainement à des serpents à sonnettes, des scorpions, des araignées et d’autres créatures rampantes 😉 Tous ne sont pas agressifs. En étant vigilant, notamment au crépuscule, on évite les confrontations désagréables avec les serpents à sonnette.
Plus au nord, il y aura des ours noirs et des «mountain-lions».
Là aussi, il faut limiter le danger en respectant les consignes et les précautions d’usage: ne pas laisser de nourriture dans ou proche de la tente, utiliser les fameux «bear canisters», éviter de se retrouver entre une maman et ses petits…) et si possible se déplacer et camper en groupe.
Les attaques mortelles le long du PCT sont rares.
Je serai probablement plus embêté par les insectes (moustiques, tiques et frelons), les chiens errants et les rongeurs à l’affût de nourriture. Même les marmottes et les cerfs s’en prennent au matériel (attirés par le sel de transpiration).

Vas-tu t’équiper d’une arme ou d’un spray anti-ours?
Une arme ? Sûrement pas. C’est d’ailleurs totalement interdit dans ces zones protégées.
Quant au spray au gaz poivré, bien qu’il soit efficace contre le grizzly (ours brun) il n’est pas forcément utile sur le PCT où les ours noirs sont nombreux mais modérément agressifs. Il est recommandé de faire un peu de bruit (siffler, chanter, parler) pour signaler sa présence et permettre ainsi à l’animal de s’éloigner. Puis en cas de … rencontre fortuite de rester calme et suivre le protocole d’usage.

As-tu peur de te lancer dans cette aventure ?
Je n’ai pas d’appréhension particulière sinon la crainte de ne pouvoir aller au bout.
Il y a moins à craindre des bêtes sauvages que d’une mauvaise gestion de l’effort et d’un manque d’attention.
Tout en m’adaptant à l’environnement et au relief, il me faudra éviter les risques classiques : l’exposition à la foudre, l’hypothermie, la déshydratation, le manque de calories, la fatigue chronique et la lassitude. Mais il faudra aussi redoubler d’attention lors des passages délicats, traversées de rivières, couloirs d’avalanche, pentes verglacées etc… C’est principalement les années très neigeuses (comme mon édition 2019) que surviennent les rares accidents mortels.

Comment resteras-tu connecté avec tes proches ?
Avec le faible taux de couverture cellulaire, il est recommandé de s’équiper d’une balise spot ou d’un récepteur satellite (de type Garmin InReach). J’ai choisi de ne pas m’encombrer de ce type d’appareil. Je compte sur la fiabilité de mon smartphone Samsung S7 Edge qui me permettra de contacter mes proches quand un réseau téléphonique ou Wifi le permettra. Je les informerai autant que possible de ma progression sans concéder toutefois à la liberté de modifier le rythme ou l’itinéraire.
Par ailleurs j’ai bon espoir de pouvoir poster le fil des étapes sur ce blog.

Comment vas-tu te nourrir pendant cette aventure ?
Je me ravitaillerai tous les 5 à 7 jours principalement dans les petites villes et hameaux à proximité du sentier. Soit 5 à 6 kg de nourriture à mettre dans le sac à dos. Certaines sections isolées (Sierra Nevada) obligeront à transporter davantage sur 10 à 12 jours.
Beaucoup de thru-hikers choisissent aussi de s’envoyer des colis de nourriture dans quelques points d’étape. Ce que je ferai à San Diego pour Kennedy Meadows (camp de base de la Sierra) en envoyant aussi l’équipement de haute montagne.
Évidemment, les fruits et baies sauvages agrémenteront le quotidien monotone d’une nourriture calorique d’autant moins variée que je voyagerai sans réchaud (semoule, purée déshydratée, fruits secs, muesli, galettes de tortillas, viande séchée, pâte à tartiner, barres énergétiques…)
Inutile de préciser que je saisirai toutes les occasions de faire un vrai repas quand l’occasion se présentera (en arrivant dans les villes).

Où vas-tu dormir?
Essentiellement en pleine nature et sous la tente.
Je porterai ma maison et mon lit. Soit une tente 1 place (Big Agnes Fly Creek HV UL1) et un sac de couchage ZPacks + matelas de sol NeoAir Xlite.
En fonction de la météo et des insectes, l’occasion se présentera de faire du « cow-boy camping » (nuit à la belle étoile). Mais j’ai bon espoir, en croisant les zones habitées, de savourer, au moins 3 fois par mois, le luxe d’une douche chaude et d’un vrai lit (hôtel / auberge / refuge).

Pourquoi le PCT ?
J’ai le goût et l’expérience des voyages itinérants au long cours (à pied ou à vélo) et le souhait de réaliser des randonnées « mythiques », parmi lesquelles le PCT figure en tête de liste, depuis que je l’ai découvert à la lecture du best-seller « Wild » de Cheryl Strayed.

Il est rare dans une vie de pouvoir s’offrir ainsi une « parenthèse d’espace-temps » afin de faire le vide, le plein, le point (voire tout cela en même temps).

J’ai connu un tel moment en 2007 où j’ai parcouru le Chemin de Compostelle (du Puy en Velay au Cap Fisterra). En 2019, beaucoup de conditions sont réunies pour me lancer dans un tel périple : de grands enfants quasi sortis du nid, un compte épargne temps suffisamment provisionné, un entourage compréhensif et bienveillant, des capacités physiques pas encore trop dégradées … Alors, et pourquoi pas ?

Pourquoi partir seul ?
C’est avant tout une affaire de passion et de défi personnel.. Mi ours mi chien de berger, je suis à la fois solitaire et sociable – oui ça existe. Je me sens à l’aise dans ce type de voyage itinérant où une dimension nourrit l’autre.
Certes, l’isolement et la solitude peuvent peser (notamment l’éloignement des proches) mais ils favorisent l’introspection, l’imagination et même le rapport à ce et ceux qui nous entoure(nt). Sur le chemin, compte tenu de la poignée de fous qui tentent le PCT, il y aura forcément des rencontres, des miles, des rires, des galères, des feux de camp et des souvenirs à partager.
Pour autant, même si j’en devine le bénéfice, je ne projette aucune attente particulière dans cette aventure. L’important sera de l’apprécier telle qu’elle se présentera.
Il y aura peut-être des réponses mais je pars sans questions.
No expectations, no disappointments

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