Pas de vent cette nuit. Tant mieux car, à cette altitude, la nuit aurait pu être glaciale.
En revanche, la magnifique mer de nuages est remontée dans la nuit. Et c’est dans la brume que j’ai progressé sur ce chemin escarpé aux pentes plus prononcées que d’habitude. Jusqu’ici je n’avais pas noté de très forts pourcentages dans les pentes du PCT, mais plutôt une succession de courbes et de virages ayant tendance à rallonger les distances.

Dans cette partie, il n’en n’est rien. Ce n’est pas pour me déplaire et la perspective d’un vrai repas et d’une nuit confortable à Idyllwild me font avancer vite.
La neige est la guest star du jour. Dès que le chemin passe en versant nord, il me faut traverser de nombreux névés (18 en tout). Avec un minimum de précaution, en passant en début de journée, ils sont sans difficulté. Finalement, ce qui choque le plus c’est que l’on peut passer ici, en quelques heures, du désert à la neige.


Au mile 172, je retrouve Nick, alias « Chipmunk », le jeune texan qui était venu dîner avec nous le troisième soir. Il avance très péniblement et semble exténué. Son genou droit a doublé de volume et le fait souffrir. A ce stade, la brusque descente vers Idyllwild va être un chemin de croix. Il refuse mon aide et je continue sur les névés, non sans un sentiment de culpabilité.

Un peu plus loin, il me semble reconnaître une silhouette, c’est celle de Psycho. On est content de se retrouver, il m’apprend que Rosi avance de mieux en mieux (ampoules guéries) et que Mavis n’est pas loin devant. Plusieurs hikers ont surnommé Mavis « Machine » car il semble progresser rapidement et mécaniquement sans souffrir. Psycho s’arrête pour une pause déjeuner et me laisse continuer à mon rythme; on promet de se retrouver à Idyllwild.
Enfin, à Saddle Junction, je quitte le PCT pour entamer les 2,5 miles de descente vers Idyllwild. Il me faudra encore une heure pour perdre 800 mètres d’altitude. Arrivé à un parking, je tombe sur un groupe de hikers espérant un trail angel véhiculé pour faire les trois derniers miles de route. J’y reconnais Mavis qui m’accueille à bras ouverts. Ainsi que trois australiens affamés et exténués.
Un véhicule se présente et son chauffeur, trop cool, accepte de nous prendre tous dans son immense 4×4. Il nous laisse au coeur de la station.

Il est 14 heures. Mavis doit filer vers son airbnb; les australiens et moi décidons d’aller calmer notre faim. Ambiance sympa et méga hamburger au Lamber Mill (ça devient une habitude).

Puis vient la priorité de trouver une chambre. Car en ce début de WE, beaucoup d’hôtels sont pris d’assaut par les familles venues de LA ou Palm Springs. Je trouve, après quelques appels, une chambre pour 1 personne au Creekstone Inn (tarif PCT). Un hôtel de montagne classique, pas tout à fait central mais qui fera l’affaire. L’après-midi sera consacré au décrassage (un vrai bain), à la lessive (Laundry gratuite) et à une bonne sieste.

Il est 20 heures, je dois retrouver les rescapés de la « team class May 1st » demain pour un breakfast en ville. Je dois aussi acheter des guêtres (les fameuses « Dirty girl gaiters »), un nouveau matelas gonflable (le mien se dégonfle chaque nuit) et au moins quatre jours de nourriture. Autant de raisons de découvrir cette jolie ville et de prendre quelques photos de l’ambiance montagnarde.
Sauf changement majeur, je compte reprendre le chemin en début d’après-midi. Je préfère ces 1/2 jours de repos (Nero = Near zero) aux jours complets sans marche (Zero). Mais, je suis libre de tout, y compris de changer d’avis après cette première nuit dans un vrai lit depuis mon arrivée à LA.


Hello Viggo ! Juste un petit mot pour te dire que, grâce à ton reporting étape par étape, je « marche » avec toi et suis ta progression inéluctable vers le North. Continue ! Fais nous rêver… En ce dimanche 12 Mai, tu devrais passer le cap des 200 miles. Go, Forrest, go ! (clin d’œil cinématographique…). Gilbert, le cycliste Unicef.