Aujourd’hui ça fait une semaine que je suis sur le Pacific Crest Trail. Tellement de choses se sont passées et pourtant ce n’est que le début. J’ai le sentiment d’avoir à la fois accéléré le cours de ma vie (en étant sans cesse confronté à de nouvelles situations et expériences) et d’en avoir ralenti le rythme. En effet, mon quotidien se résume aux choses les plus simples: avancer, boire, manger, faire des pauses, se laver (si possible), trouver un endroit pour dormir… Il n’est plus question de gérer le stress, de se confronter aux autres ou d’aller titiller le sommet de la pyramide de Maslow. Et ça fait du bien.
La nuit a été la plus calme de toutes. Pas un bruit, pas un souffle d’air. J’ai dormi seul au milieu des collines de la Cleveland National Forest. Je me réveille dans les nuages. La brume empêche toute visibilité à plus de cinq mètres.

Je chausse mes nouvelles amies, les chaussettes de compression (qui soulagent immédiatement la douleur de la périostite). L’objectif de la journée est de s’approcher le plus possible de Paradise Valley et de se retrouver ainsi à moins de 2 jours de marche d’Idyllwild, où je compte bien prendre ma première chambre d’hôtel.
Mais d’abord il me faut gérer l’eau. Comme j’ai dormi (volontairement) à moins de 400 mètres d’une source en contrebas du chemin, je m’y rends. En fait de source, ça ressemble plutôt à un abreuvoir où croupit une eau douteuse recouverte de cadavres de moustiques. Bon, dans ces contrées désertiques, il ne faut pas faire la fine bouche. Je remplis ma poche à eau et remonte pour la filtrer.


Toute la journée a été une histoire d’eau. D’abord, celle qui perle sur les vêtements et le corps, au petit matin, quand j’avance dans la brume des nuages. Puis, rapidement, pour étancher la soif, sous un soleil de plomb, celle des ruisseaux presque à sec, des citernes rouillées ou des 2 water-caches de la journée.

J’ai commencé à marcher à 7h30 et, hormis de très nombreuses pauses, j’ai terminé cette étape vers 19 heures au sommet d’une colline jonchée de gros rochers, sur un magnifique emplacement protégé du vent.
25 miles sur une jambe et demie, grâce à mes nouvelles bottes de 7 lieues. Si j’avais imaginé cela hier matin, avec ma poche de glace et mes doutes …
Je ne me suis même pas arrêté chez Mike (un personnage du PCT) d’abord parce que ça fait un écart inutile quand on a de l’eau et aussi parce que je n’étais pas dans le mood « weed et Cie « .

J’ai marché seul toute la journée. Le reste de l’équipe de la classe May 1st (Rosi, Psycho et Mavis) est une demi-journée devant. J’ai seulement vu six hikers US au moment d’une pause. Et aussi de nombreux reptiles.



Ce soir, sous la tente, j’arrive à capter faiblement un peu de réseau. Je suis touché par les mots d’encouragement de dizaines de personnes. Cette aventure n’en prend que plus de relief. Alors Merci les Rémi, Damien, Patrick, Stéphane, Julie, Bertille, Mariette, Thierry, Sandrine, Laura, Philippe, Maria, et tous les autres.


