J – 1 : Premières impressions

Le 737 de la Norwegian décolle sous la pluie. Il survole le vieux terminal 1 de Roissy puis trace sa route en direction de L.A. J’ai un double sentiment : celui d’abandonner les miens – qui m’ont accompagné jusqu’ici – et la satisfaction d’y « être enfin », tant ce défi a mis du temps à se concrétiser. Mais vu le tsunami émotionnel vécu cette dernière semaine, marquée par la fin d’un job de 16 ans et d’innombrables marques d’affection, « j’apprivoise un peu la bête ».

Bon, en guise de défi, il y a d’abord ces 12 heures de vol sans voir la nuit (finalement c’est un petit bond de 3 heures dans ce dimanche après-midi). Trois films, quelques clichés du Groenland, 2 plateaux-repas et une micro sieste plus tard, me voici sur le sol Californien.

Vue sur le Groenland

Puis vient l’épreuve incontournable du passage par les douanes. Deux heures : l’officier d’immigration n’a pu retenir un « damn, you must be crazy » quand je lui expose le motif de mon séjour US. Un sourire et hop me voici avec mon vieux sac de voyage (servant de protection à tout mon équipement), dans la navette de l’hôtel réservé à Inglewood pour ma première nuit californienne.

Courte nuit (jetlag) mais gros petit déjeuner à l’américaine. Ce lundi matin, c’est un peu la course pour prendre un FlyAway bus qui m’amène en 45 minutes, malgré les bouchons, jusqu’à la gare centrale Union Station pour prendre le train de San Diego.

Suivront 3 heures de train agréables. Peu de monde dans le Pacific Surfliner, confortable, équipé en prise électrique et wifi, avec vue permanente sur les plages désertes de l’océan Pacifique.

Enfin c’est l’arrivée à San Diego où un véhicule vient me récupérer à la gare en direction de chez Scout et Frodo (2 « trail angels » légendaires qui accueillent le monde entier dans leur agréable maison d’un quartier résidentiel de San Diego). Je reviendrai plus tard sur cette « amazing place » où l’on se sent immédiatement chez soi. Il y règne une grande bienveillance, une douceur de vivre et une attention au confort des « hikers ». L’organisation sans faille est basée uniquement sur le bénévolat (voisins et amis) et sur la participation de tous .

Je dors sous une des grandes tentes installées dans le jardin, j’ai droit aux repas très copieux, à toutes sortes de friandises et à du matériel mis à disposition pour préparer le trail.

Il faut bien une journée entière pour apprécier cette générosité, se remettre du décalage horaire et, entre le passage à la poste pour expédier à Kennedy Meadows le matériel de haute montagne, celui au supermarché (bio) pour le ravitaillement, profiter de la quiétude pour « chiller » avec les autres hikers.

Parmi nous, il y a notre trail angel « star », Anish, qui a couru le PCT en un temps record (60 jours) et relaté cet exploit dans un livre bestseller (Thirst).

PCT Anish
Anish et un vieux fan 😉

Un autre français, Laurent, a déjà son trail name, « Sorry », car il commence toutes ses phrases en s’excusant. Il y a Rosi, une allemande ayant parcouru le Te Araroa en Nouvelle Zélande, un type de Hong-Kong prénomme Mavis avec qui je suis allé faire les courses, un couple d’étudiants australiens, Nicola un colosse italien, chef dans un grand restaurant, Jan de République Tchèque, Lucy de Vancouver, Felix de Suède et bien d’autres randonneurs prêts à l’aventure.

Avec Laurent, alors que nous parlons français devant le petit supermarché du quartier, nous entendons un « Bonjour, ça va ? ». S’ensuit une conversation avec Martine, une française de Besançon, installée à San Diego depuis 20 ans, ravie et enthousiaste de rencontrer deux compatriotes se lançant sur le PCT. Elle nous propose même de rester en contact pour éventuellement revenir faire une conférence devant les élèves et le staff de l’Alliance française. Why not ?

Demain 1er Mai, c’est le grand départ (d’autres comme Laurent partent le lendemain). La veille, le sac est fait pour la dernière fois, le briefing est donné pour l’organisation du départ à 6h00 vers Campo (frontière). Il faudra compter 1h15 de trajet avant de toucher le monument South Terminal et se lancer dans cette folle randonnée.

Je peine à trouver le sommeil tant l’excitation est à son comble.

La maison du bonheur tranquille
On refait le sac en commun
Attentifs et fatigués
Comme à la maison
Laurent, Hannah et Nicola
A bientôt mon sac et mon matos pour la Sierra !
Un petit tour au Outfitters
Martine et Laurent « Sorry » echangeant leurs coordonées
pct scout frodo
Scout, charismatique, dans un brief avant diner
Petit clin d’oeil à la légende du colibri, quand l’inutile est essentiel
11 kg avec eau et 3 jours de nourriture

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