100 jours. 100 jours que j’avance à pas de fourmis sur l’épine dorsale de l’Ouest américain. D’une frontière à l’autre, du Sud au Nord, d’un rêve à son accomplissement.
Là-bas, encore loin, le Canada me tend ses bras. Je ne suis pas pressé. Comme une allégorie de la vie. Quand on sait qu’il reste moins à parcourir que ce qui a été fait. Une envie de donner de la qualité et de l’intensité au temps qui reste. Mais dans cet élan retrouvé, cette itinérance enivrante , il est difficile de ralentir. Le corps en demande toujours plus.
En quittant ma forêt fantôme (une des nuits les plus reposantes du PCT), je suis dans cette dualité. Une forme physique qui me pousse à faire au moins 30 miles et un mental qui m’invite à « prendre le temps ».

Le premier objecrif de la matinée est d’aller remplir mes bouteilles d’eau au prochain lac. Une légère brume recouvre Irish Lake, sous l’effet des premiers rayons du soleil. Un peu distrait par ce spectacle, je glisse sur la berge et me retrouve les deux pieds dans la vase. La garantie d’avoir les pieds trempés pour les 3 prochaines heures. Et de rajouter une touche personnelle à l’odeur déjà peu amène de mes chaussures.

Ici le PCT c’est le rallye des 1000 lacs. Entre vastes étendues claires et étangs peu salubres. Avec du 100% DEET, vous survivez et prenez le temps d’apprécier le paysage. Sinon vous courrez.


Je grapille quelques baies au passage. Et regrette de ne pas avoir de rechaud pour cuisiner les quelques cèpes qui poussent au bord du chemin.


Encore une fois, je marche seul toute la journée et ne rencontre que des « Sobo ». Certains sont mal en point et boitent bas. Je retrouve les mêmes spécimens que lors de nos débuts dans le désert. Et n’oublie pas que j’ai failli jeter l’éponge pour une periostite. C’était il y a 3 mois. Un siècle.
Au Mile 1953, un sentier, puis une route, rejoignent Elk Lake Resort. Keep cool. La promesse d’un lieu de perdition où je pourrai boire frais et faire un vrai repas chaud. Il est 15 heures, je choisis de m’y arrêter.



Le lieu est touristique sans être bondé ni désagréable. Le petit resto-bar est un peu cher mais la nourriture excellente (ah le reuben au fromage fondu) et les propriétaires plus « hiker friendly » que ne le laissait penser quelques commentaires sur l’application Guthook (l’appli des pctistes). Résultat, j’y passerai 2 heures et demi à me relaxer. Et à observer Chipmunk, mon copain du jour.


Comme le Resort ne sert pas de petit-déjeuner, inutile de dormir sur place. Vers 18 heures, je quitte les lieux pour rejoindre le PCT et m’avancer un peu dans la perspective d’atteindre McKenzie Pass le lendemain, avec la possibilité de passer la nuit dans la petite ville de Sisters.
Au mile 1955, je m’installe, en retrait du chemin, sur un espace à peu près plat. Le ciel est menaçant. Des orages sont annoncés pour les deux jours à venir. Se retrouver sur les contreforts des volcans Sisters en plein orage ne me tente pas trop. Je choisirai donc de partir tôt demain matin, après ma… 100ème nuit sur le PCT.

100 jours… On en avait presque oublié cette fameuse périostite qui a failli vous arrêté. Tellement de questions à poser qu’un message ne suffirait pas. J’en pose donc une seule : pourquoi avez vous pris L’Oregon skyline trail à la place du PCT ? Bon courage et merci encore de nous faire vivre cette aventure
Bonjour Christophe. De temps en temps les side trails (Rim de Crater Lake, Eagle Creek, etc…) sont plus intéressants. Pour cette courte portion de l’OST elle passe par de nombreux lacs. Mais on ne s’écarte jamais longtemps du PCT. Par ailleurs, j’ai pu voir que de nombreux chemins sont des anciens tracés du PCT. Le tracé officiel change regulierement.
Merci pour ces explications.