Cette nuit à Stehekin à été une des plus chaudes. Impossible de dormir à l’intérieur du sac de couchage. Ce PCT est un peu fou. Avoir eu si froid dans le désert californien et crever de chaud aux abords de la frontière canadienne.
Quoiqu’il en soit, je suis quand même reposé de cette étape confortable au bord du lac Chelan. Le premier bus rouge qui ramène la poignée de hikers au PCT part à 8h15 mais fait une halte à la « bakery ». Aussi, tout le monde fait le plein de friandises pour l’étape du jour. Pour ma part, j’achète deux calzones (bacon/cheddar et pesto) et un sablé caramelita. Ça changera des tortillas habituelles.

L’étape du jour est courte et facile, malgré la chaleur et un profil faisant la part belle aux dénivelés positifs. Il faut dire que j’ai pris la décision de tenter l’autostop à Rainy Pass pour passer une dernière nuit confortable dans un village US. La motivation pour une douche, une lessive et quelques bières fraîches, ça donne des ailes.
Le paysage est toujours aussi grandiose. Et, franchement, je me sens chanceux de pouvoir l’admirer par temps ensoleillé.



Les passages à découvert sont nombreux, même si le PCT replonge parfois au coeur de la jungle en quête de fraîcheur et d’eau claire.


Encore une fois je marche seul et ne croise quasiment personne. Quelques randonneurs à la journée, deux cavaliers PCTistes et Susan, une prof à la retraite qui parcourt 500 miles avec ses deux chiens affublés de leur propre sac à dos.


Peu de lacs aujourd’hui mais toujours autant de ruisseaux et de rivières pour pouvoir étancher la soif.



C’est d’ailleurs au bord de l’un deux, Maple Creek, que je fais la pause déjeuner. Les abords sont envahis de grands papillons qui apportent une touche exotique à cet endroit.


Le reste de l’étape se déroule en montée régulière, plutôt à l’ombre, jusqu’à Rainy Pass où le PCT croise la highway 20.
Il est 16 heures. La route est très fréquentée par les touristes mais il faudra attendre 45 minutes avant qu’un véhicule (un couple d’habitants du coin) s’arrête. En effet, les touristes ne connaissent pas le PCT et sont moins enclins à venir en aide aux hikers.


Dès l’arrivée à Winthrop, je ne regrette pas cette dernière halte. Le village de type western est adorable. Tous les bâtiments font penser au far-west. Malgré la petite taille de cette bourgade, il y a de nombreux bars et restaurants, quatre hôtels, deux stores et deux magasins de sport.


Faisant confiance à Guthook (l’appli du PCT), je trouve une chambre au très « hiker friendly » North Cascades Mountain Hostel.

L’endroit est cool et agréable. Laundry gratuite. Cuisine, salon et jardin à disponibilité de tous. Le tout à 2 minutes de tous les commerces. C’est le bon endroit pour une dernière nuit confortable dans une ville US.
Il y a ici quelques passionnés de montagne et PCT hikers. Certains sont Sobos, d’autres ont déjà atteint la frontière puis, faute de visa canadien, sont revenus se relaxer ici. Enfin, il y a (comme moi) deux ou trois Nobos presque arrivés.
Parmi les Sobos, certains ont parcouru le PCT en partant du Mexique puis ont skippé une ou plusieurs sections pour finir le PCT dans le Washington. C’est le cas d’Emma et de King qui ont été jusqu’à la frontière canadienne. Ils entament maintenant la fin de leur PCT en marchant vers le sud. Emma est française et, fait du hasard, nous nous suivions mutuellement sur les réseaux sociaux . Elle aussi aborde le PCT dans une démarche de simplicité conforme à une vie moins « encombrée » de biens matériels. Epanouie et bienveillante, Emma est très sympathique. Elle a rencontré King sur le chemin et forme avec lui un couple harmonieux.

Après le rituel ‘douche, lessive et ravitaillement’, je vais traîner dans ce « OK Corral » du Nord en quête d’un bon repas et d’une IPA locale. L’endroit idoine sera la charmante « Old School House Brewery » où j’ai passé un excellent moment devant un match de US football.


Je me sens tellement bien à Winthrop que je serais prêt (peut-être) à revenir dans cette ville après le PCT, en attendant que ma chérie atterrisse à Seattle le 13 septembre.
Bref, tout cela est encore à des années lumières à l’échelle du PCT hiker qui avance à horizon de 24 heures. Il me reste encore, en ce deuxième jour de septembre, au moins … 60 miles avant d’atteindre le Canada. Des milliers de pas vers l’inconnu.

As-tu des nouvelles de Psycho ? Il a accompagné un bout de ton aventure et je lui trouvais une tête sympathique. Il continue toujours ?
C’est un de mes regrets de ne pas avoir terminé avec Psycho. Il n’est pas très loin derrière moi, mais il va finir particulièrement épuisé. En tous cas, à 28 ans il aura fait le job, sans grande expérience de la neige et en ayant fait l’intégralité du PCT. Là où la majorité a « skippé » la haute montagne.
Plus que 60 Miles… que dire si ce n’est qu’on sent bien que cela va vous manquer après. Mais pour l’instant place à l’instant présent et à ces quelques milliers de pas à faire…