Ce mercredi 15 mai, au réveil, nous discutons avec Psycho de la stratégie souhaitée. En effet, il nous reste 20 miles avant d’arriver à Big Bear Lake, station touristique de montagne réputée pleine d’hôtels et de restaurants. L’endroit idéal pour y passer un premier jour complet de repos (le fameux « zero ») . Nous convenons de prendre le temps pour arriver au trailhead (croisement du chemin avec la route qui mène à Big Bear Lake) en fin d’après-midi, de passer la nuit près de la route et de faire du stop le lendemain matin pour rejoindre la station.
L’avantage est de ne payer qu’une seule nuit d’hôtel et de consacrer ainsi la journée du 16 mai à prendre un bon breakfast, se réapprovisionner, soigner les bobos et profiter de la chambre tout l’après-midi.
Nous levons le bivouac vers 8 heures, puis empruntons un chemin en sous-bois qui s’élève progressivement dans une végétation hésitant encore entre désert et montagne. L’air s’est rafraîchi et le ciel se montre menaçant.

Après 4 miles, une inscription au sol, dessinée avec des pierres, annonçe les 250 miles. Séance photo pour fêter ce nouveau passage symbolique.

Certes, la périostite m’a considérablement ralenti sur cette deuxième semaine, mais le fait d’avoir malgré tout parcouru ces 250 miles (400 km) me satisfait quand même.
La journée passe tranquillement car le chemin est en faible pente, sans soleil et sans grande difficulté (exception faite du manque d’eau). Les paysages sont moins spectaculaires que ceux traversés les jours précédents, offrant parfois un balcon sur la haute montagne, une portion de sentier fleuri ou quelques arbres de Joshua.



Au mile 258, très longue pause repas près de l’unique ruisseau que nous croisons. Il reste ensuite 8 miles pour rejoindre la highway 18 qui mène à Big Bear Lake.

Le vent se lève et le ciel se couvre de plus en plus. L’idée de passer, sous la pluie, une nuit sous tente en contrebas de la highway ne nous enchante guère. Mais nous prenons ce risque en organisant, à l’abri dans la pinède, un petit campement agréable avec des meubles récupérés en bord de route.

Finalement, la nuit a été tranquille. A 7 heures, nous levons le camp pour aller nous positionner en bord de route. Nous tendons le pouce, la première voiture qui se présente s’arrête aussitôt. Patty, une employée de la station qui part travailler et qui met, comme elle le dit « un point d’honneur à ne jamais laisser un hiker au bord de la route ». Elle nous dépose au « meilleur breakfast café de la ville ». Nous la remercions chaleureusement et, à peine sortis du véhicule, le ciel s’effondre. Une pluie froide aux ambitions de neige fondue qui va refroidir la ville pendant presque toute la journée.
Le Grizzly Manor Café est de ces endroits typiques des USA où l’on sait que les portions sont généreuses, la musique est bonne et les clients fidèles. La chemise à carreaux, la casquette et les commentaires sportifs sont de rigueur. La décoration est entre le « grand n’importe quoi » et le « mieux que rien ». Bref on est pas là pour ça. Ambiance chaleureuse, omelette maison, pancake XXL et café à volonté. Au vu du déluge qui s’abat sur la ville, c’est notre arche bienvenue. On va y rester 2 heures.




Rassasiés (au moins pour la matinée), nous nous dirigeons vers l’hôtel voisin, le Vintage Lakeside Inn, où nous trouvons aisément une chambre économique à 45 $ (tarif PCT). L’hôtel propose également un véhicule pour nous amener au centre commercial Von’s et un retour vers le PCT le lendemain. Idéal.

En ce qui me concerne, le reste de la journée sera consacré au grand nettoyage et aux soins des bobos. L’hématome déclenché par ma périostite s’est transformé en plaie. Il était temps que je lui consacre un pansement adapté. Puis, lessive au lavomatic proche de l’hôtel, courses au supermarché (enfin des fruits et des laitages), appels aux proches (vive le wifi) et … sieste.


En fin de journée, petite visite en ville. La pluie a cessé mais il fait froid. Quelques photos de véhicules …so american. Une bière et un hamburger pour clôturer un premier « zéro » puis retour à l’hôtel sous une légère bruine. Ce n’était pas une journée pour marcher.


