J 18 – 18 mai Mile 320

J’ai eu très froid cette nuit. Je me suis réveillé vers 4 heures pour mettre ma doudoune et enfin dormir à mon aise. Ce matin, il y a de la glace dans les bouteilles d’eau. Et je suis encore loin de la Sierra, ça promet !

Je tente de joindre mon fils pour lui souhaiter un bon anniversaire. En vain. Aucun réseau. Je me surprends à avoir un gros coup de blues et j’avale mon muesli avec les yeux embués. Ok ça va aller. Ce voyage est hors norme y compris dans sa dimension affective. Le besoin de dire et d’exprimer son affection aux gens qu’on aime est à l’échelle du PCT. Immense !!!

J’ai entendu passer le groupe des cinq hikers aperçus la veille. Ils portent des tee-shirts « I love Utah » et trimbalent déjà une boite à ours et un piolet. Je les laisse prendre un peu d’avance. Décidément, je suis plus solo que sociable en ce moment.

Les premiers miles sont sans grande difficulté; je marche un peu perdu dans mes pensées. Dans une courbe du chemin, se dévoile à l’horizon le paysage que je traverserai ces prochains jours.

Aujourd’hui, pour menu, je vais suivre en grande partie Deep Creek, une rivière, bien installée dans ses gorges, franchir quelques ponts, passer le mile 300 et profiter d’une pause dans les eaux naturellement chaudes de Hot Springs.

Bridge over trouble water
Easy river crossing
Mile 300 (482 km)

Je serai seul quasiment toute la journée. Toutefois, lors d’un ravitaillement en eau, je tombe sur Nick « Chipmunk », en mode relax. Il a manifestement soigné son problème de genou et a, lui aussi, fait une journée de 25 miles hier. On échange un peu au sujet de Psycho, Mavis, Rosi et les autres. « Hey blogger, they’re all behind us. So, we’re supposed to be injured ». Ok t’emballes pas, c’est pas parce qu’on est blessé qu’on va plus vite. On veut juste jouer un peu les sauvages. Chipmunk est un type sympa. Il marche torse nu, avec sa dégaine de jeune texan looké « chapeau/lunettes de soleil », une enceinte portable sur le sac et semble toujours attentif aux autres, prêt à aider. Spécialement la gent féminine. En me voyant repartir, il me dit « Good plan for your blog today » Mile 300 ? « No, Hot Springs. Cause you see many butts… ».😉

Nick « Chipmunk »

Evidemment, j’ai entendu parler de ces sources d’eau chaude où la plupart des gens se baignent dans le plus simple appareil. Quand j’y arrive vers 13 h, j’ai déjà programmé d’y faire ma pause déjeuner.

Mais c’est un samedi et l’endroit est fréquenté par les gens du coin. Effectivement l’eau est chaude et forme des vasques naturelles pour s’y prélasser. Effectivement, le vêtement est accessoire. Il semble de mise que les hommes conservent leur boxer ou caleçon, alors que les femmes sont nues. Je me mets dans un coin à l’écart avec les hikers de l’Utah et nous cassons la croûte tout en contemplant le spectacle. Je n’ai pas pris de photos pour des raisons évidentes de respect de vie privée, mais il faut admettre que Chipmunk avait raison: « many butts »😉.

Hot springs
Natural jaccuzi

Je repars vers 14 h, bien décidé à continuer sur ma lancée, marcher au moins 24 miles. Le chemin est à flanc de colline, offrant des vues spectaculaires sur les gorges de la Deep Creek. Et au milieu, coule une rivière.

Deep Creek

Le temps s’est couvert. Le vent s’est levé. La météo annonce de la pluie pour cette nuit. Je souhaite trouver, a minima, un endroit protégé du vent pour passer la nuit.

A la sortie des gorges, le panorama change totalement. Devant moi, s’étend une vaste plaine formée par 3 vallées (Antelope, Apple et Baldy Mesa) ainsi que la Mojave River et son lac réservoir.

Antelope valley
Deep « asleep » creek

Je continue à suivre la Deep creek, devenue sage dans son écrin de verdure. Il me faut même la traverser pieds nus pour suivre le PCT. Vers 17h30, j’arrive au mile 314. Et là, Trail Magic ! Papa Bear s’est installé avec deux acolytes et offre aux hikers des sodas, de la bière, des fruits et des gâteaux. Le top !

Papa Bear
Trail magic

Je bois deux sodas, mange une dizaine de biscuits et une orange. L’équipe de l’Utah fait honneur à la bière. Chacun a sorti la doudoune, car le vent est de plus en plus froid. Papa Bear nous annonce la pluie (« donc prenez des forces ! »). Je le remercie chaleureusement et repars pour deux heures de chemin à flanc de collines exposées au vent de plus en plus violent.

La pluie menace

Au mile 120, au fond d’une courbe à l’abri du vent, à côté d’un ruisseau, je trouve l’endroit idéal pour passer une nuit qui s’annonce compliquée. A peine, ai-je installé mon campement que la pluie se met à tomber. Je dîne dans ma tente (Mash potatoes et Beef Jerky) et profite de la courte soirée pour écrire un peu. Je capte enfin un signal réseau, mais il est trop tard pour appeler en France (milieu de la nuit). Je le ferai à mon réveil.

Tout compte fait, s’endormir en pensant à ceux qu’on aime, bien au chaud dans son sac de couchage, avec le bruit des gouttes sur les parois de la tente, c’est plutôt agréable.

Just for u

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