J 33 – 2 juin. Bird Spring Pass (mile 631)

Les hennissements des chevaux me sortent de ma torpeur. Ils ont été sellés par leurs cavaliers et sont prêts à aller randonner ce dimanche. Pas moi. Je passe encore trop de temps à me réveiller, faire des étirements, ranger mes affaires et prendre un semblant de petit-déjeuner. Sans compter le filtrage et le remplissage de 5 litres d’eau. Je ne prends le départ qu’à 9 heures 30. Un record de lenteur.

Lazy hiker
Randonneurs à cheval

Même si les premiers miles sont en sous-bois, le chemin nous ramène progressivement dans le désert. C’est le grand retour de la chaleur. Arbres de joshua en guise d’oasis, crotales à l’affût sous les pierres, lézards en parade amoureuse.

Back to the desert
Chaud devant
Bon, tu me files ton 06

Avec Psycho, nous avançons en duo, sans pour autant marcher ensemble, selon le rythme, l’envie d’être seul … Simplement, nous prenons les pauses ensemble et nous convenons d’un emplacement pour la nuit. Ainsi ce soir, le but de l’étape est Bird Spring Pass, au mile 631, où il y aurait une « water cache ».

Mais comme il ne faut jamais avoir entièrement confiance dans ce mode de réapprovisionnement aléatoire, nous faisons un détour de 2 miles (on peut se le permettre, l’étape du jour est courte) jusqu’à une source (Willow Spring) offrant, au milieu du désert, un débit ridicule mais rafraîchissant.

D’ailleurs nous tombons sur des troupeaux de vaches qui survivent ainsi dans un décor de western. Alors que nous nous reposons, un véhicule s’arrête. Deux femmes en jean, chemise et chapeau de cow-boy viennent s’informer de qui nous sommes et, rassurées sur nos intentions de PCT hikers, nous proposer de l’aide. Nous discutons du parcours, elles nous confirment qu’il y a bien une water cache au Mile 531. J’ai droit à du « J’aime Paris » et « la France est magnifique », puis elles repartent à leurs activités de rancheras.

Taureau du désert

En remontant sur le PCT, la chaleur est telle que nous faisons une nouvelle halte au col (table de pique-nique), le temps d’échanger quelques mots avec un jeune belge croisé depuis quelques jours. Il est parti de Campo le 19 avril, soit 12 jours avant nous. Il semble exténué mais porte un sac imposant et très chargé. Quand je lui demande s’il va acheter ou louer une « boîte à ours » à Kennedy Meadows, il me répond qu’il ne la prendra qu’à Lone Pine, à partir d’où elle est obligatoire. « Je ne veux pas porter inutilement du poids ». Je n’ose pas lui faire remarquer qu’il trimbale quand même son piolet et ses crampons depuis le Mexique.

Dans la dernière section de la journée, on tombe sur une inscription discrète au sol. Quelques pierres indiquent … 1000 km ! Putain, à force de penser et marcher en miles, on avait presque oublié que nos jambes nous ont porté pendant 1000 kilomètres de désert et de montagne sur ces 32 jours. C’est à la fois beaucoup et si peu, au regard de ce qui reste jusqu’au Canada. À peine un quart.

1000 km…

En fin d’après-midi, je me sens en forme et je m’envole sur un chemin en crête qui domine un immense désert. Arrivé au col du Bird Spring Pass, je retrouve une dizaine de tentes éparpillées dans ce superbe site. L’endroit est un col qui domine les deux vallées. Idéal pour apprécier à la fois le coucher et le lever de soleil.

Bird Spring Pass
Et sa water cache
Sa route d’accès

Après avoir bu au moins 3 litres d’eau, je contemple les belles couleurs du ciel en mangeant mon classique plat de semoule à l’huile d’olive. Le spectacle est tel que tous les hikers en font de même. Et peut-être, dans ce relatif isolement, pensent comme moi : « dommage que tu ne sois pas là ce soir pour partager cela ».

Joshua trees dans la lumière soir

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.