La nuit a été agréable et réparatrice. Chaque soir, j’ai les jambes en bois, le dos en compote et les pieds en feu. Il suffit d’un repas et d’une nuit de sommeil pour remettre tout en ordre. Hormis les premiers pas du matin, un peu rouillés, le corps s’est régénéré et est prêt à enchaîner les miles et les dénivelés. Incroyable machine que le corps humain.
Justement, la journée commence par une longue montée en plein soleil, puis le chemin va progressivement évoluer sur de plus faibles pentes.

Aujourd’hui, je marche seul. Psycho part plus tard. L’étape est courte (20 miles) car nous souhaitons passer la nuit à Walker Pass, un endroit suffisamment alimenté en eau.
Le paysage qui s’offre à moi est un classique du PCT, avec des canyons profonds, des pentes exposées au vent, des maquis desséchés et quelques rares zones humides.

Le chemin se confond sur quelques miles avec une route forestière, tracée en dépit du bon sens, uniquement pour accéder à une cabane et un point d’eau. Une partie de la forêt à été détruite pour l’occasion. C’est sans scrupule que je boycotte le détour vers cette cabane.

Quelques ruisseaux offrent un débit suffisant pour remplir les bouteilles et rester sur le PCT. Je ferai ainsi ma pause déjeuner les pieds dans l’eau.
Les heures qui suivent passent vite en alternant deux versants d’une même montagne. Arbres morts, lichens et mousses à l’est, buissons, verdure et fleurs à l’ouest.


J’arrive tôt à Walker Pass (16h30) et tant mieux car c’est « Trail magic ». Un village publicitaire (une marque spécialisée dans les panneaux solaires) a été organisé avec tout pour le réconfort du hiker. Boissons fraîches, hot dogs, fruits et glaces.




Je n’en crois pas mes yeux. Nous sommes sur un col, au milieu de nulle part, et tout ceci est déployé pour tourner un film publicitaire. On m’offre un siège; je ne vais pas en décoller pendant 3 heures. Quelques hikers (Psycho, Crocodile Dundee) arrivent et affichent le sourire de circonstance en voyant les boissons et la nourriture. À titre personnel, j’ai probablement fait le meilleur repas de mon aventure (3 hot-dogs, 1 paquet de chips, des tortillas au guacamole, 3 bananes, 500ml de glace oréo et 8 canettes de bière IPA et de soda). J’ai même pu recharger mon smartphone sur la batterie alimentée par les panneaux solaires. Mais toujours pas de réseau, dans ces contrées perdues.



En contrepartie de cette orgie, l’équipe marketing de la marque généreuse m’interviewe 5 minutes et me prend en photo.
Ce soir, j’ai encore droit à un beau coucher de soleil (moins coloré) et je ne demande pas mon reste pour m’endormir. Sans doute un peu aidé par le malt et le houblon.


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