Je pars du campground à 6h30 en saluant chaleureuse ment Howard et Doug qui se préparent à faire le trail des Crags. De mon côté, je suis le tracé du Flume trail qui rejoint le PCT sans avoir besoin de revenir vers la jonction de Kettlebelly.
Les 8 premiers miles sont plutôt tranquilles, à la fraîche, avec une vue sur les Castle Crags. C’est une formation rocheuse originale, haut lieu d’escalade et attraction touristique locale. Par ailleurs, ces aiguilles de granit marquent l’entrée dans les « Trinity Alps ».

Mais la balade de santé ne dure pas. Vers le Mile 1510, c’est le début d’une montée qui va durer 6 heures. Pas réellement difficile, mais sous une chaleur moite qui me fait boire énormément, je multiplie les pauses sans raison particulière. Boire, retirer les chaussures (pourtant hyper confortables), m’allonger sur le dos, etc… Bref, je suis en mode « lazy », sans doute fatigué de mes précédentes longues étapes. Quand c’est comme ça, je choisis l’option « musique sur les oreilles » et marche robotique. Voyage intérieur de temps à autre interrompu un hochement de tête pour saluer un autre hiker ou pour prendre une (rare) photo. L’inspiration naît souvent de l’ennui.


Pour une fois, j’apprécie les longs passages sous la frondaison où la température est bien plus clémente qu’à découvert. Le paysage se résume à d’immenses forêts et à l’omniprésence du seigneur Mount Shasta, sans doute leader des sommets photographiés par les hikers.


Je profite de la proximité d’une source pour établir mon campement à un endroit dégagé avec vue … sur le Mont Shasta. Pas de coucher de soleil, mais un ciel paisible parsemé de quelques nuages (hélas non annonciateurs de pluie). Presque 30 miles pour une journée « en dedans ». Le corps et les chaussures ont fait le job pendant que l’esprit construisait patiemment un « échafaudage mental » pour tenir.

Il fait plus frais ce soir. La récompense d’avoir gagné en altitude. Je dîne rapidement (ah les ramen rehydratés à l’eau froide !) et me réfugie dans la tente, non pas à cause des moustiques, mais plutôt de dizaines de guêpes qui semblent bien plus menaçantes. Je dois être proche d’un essaim sauvage.

J’hésite encore à m’arrêter à Etna (petite localité à 1 jour et demi de marche) ou de poursuivre vers Seiad Valley, dernière ville avant l’Oregon. J’ai suffisamment de nourriture pour 4 jours. Je me deciderai au terme de l’étape de demain.
Il y a comme un empressement à en finir avec la Californie. Rien de logique sinon la force du symbole. Allonger les étapes, éviter le vortex des villes, se projeter sur plusieurs jours, alors que l’essence même de cette aventure est dans le lâcher prise… Je ne suis pas à une contradiction près.

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