J’ai passé ma première nuit dans le « evergreen state ». L’Etat de Washington commence au milieu du « Bridge of the Gods », au dessus des eaux agitées du fleuve Columbia. Il est réputé pour ses paysages boisés et montagneux qui bénéficient d’un climat océanique peu avare en pluie et humidité. Toutes proportions gardées, c’est un peu comme la Normandie, le Pays Basque ou les Asturies.
Finalement, je ne regrette pas de ne pas avoir fait un zéro hier. Je profite d’une bonne forme physique et d’une météo fraîche pour continuer la progression et j’ai une marge de liberté pour faire plusieurs demi-journées de repos dans les prochaines villes étapes.


La journée (presque 30 miles) s’est déroulée sans difficulté malgré une succession de montées et descentes. Hormis quelques passages dans des secteurs deboisés, le PCT serpente dans une forêt très dense. Par moments, l’humidité permanente lui donne des faux airs de jungle tropicale.Les grands conifères sont recouverts de mousses et de lianes. Le sentier est bordé de hautes fougères.


Il ne s’agit pas d’aller trop vite mais bien de profiter des instants de plénitude que m’offre cette aventure. Il se trouve que pour l’instant je les trouve plus facilement au bord des lacs et au sommet des montagnes.
D’autant plus quand j’ai la surprise, comme aujourd’hui, de recevoir un appel téléphonique de ma compagne. Le chemin qui suit semble alors plus facile, plus aérien. Sac léger et coeur plein.

Je n’ai vu que des Sobos; je pense que nombre de Nobos sont restés à Cascade Locks pour les PCT days. Je vais sans doute bénéficier de cet espace-temps entre deux bulles. Pour satisfaire ma nature sauvage, certes, mais aussi pour trouver de bons emplacements libres.

Ainsi, vers 19 heures, je trouve un endroit idéal pour camper. Proche d’une source et du campground de Panther Creek. Bien que l’emplacement soit suffisamment large pour accueillir plusieurs tentes, je suis seul à y passer la nuit.

Un pêcheur, du campground tout près, viendra un peu discuter avec moi. A un moment, il éclate de rire quand je lui dis qu’il « ne reste plus que 500 miles « . Il me répond « mais c’est énorme ! ». Il n’a pas tort, mais mon référentiel espace-temps a tellement changé que je n’ai plus conscience de l’ampleur de cette aventure. 500 miles (800 km) équivalent à un Paris-Bayonne à pied. Une paille !
