Pluie et brouillard. La réputation du Washington n’est pas usurpée. J’ai passé une journée à essayer de deviner les paysages qui, prenant de l’altitude, offrent de magnifiques panoramas alpins.

Ce matin, j’ai eu droit à un quatrième trail magic en 2 jours. Au premier croisement du PCT avec une route forestière, deux jeunes (Sidney et James) se sont installés pour la journée et offrent boissons, fruits et pâtisseries aux PCT hikers. Je suis le deuxième (Il y a un section hiker) à m’arrêter. Le temps de manger un donut, du raisin et de boire un Pepsi. Encore un moment sympathique plein de générosité et de respect. Sidney à fait le PCT l’an dernier jusqu’au Midpoint et souhaite terminer son aventure l’an prochain. Bonne chance et merci à elle.


Après ce moment de réconfort, je vais parcourir les derniers miles de forêt avant de goûter aux plaisirs humides de la haute montagne du Washington.

En avançant sur un chemin étroit parmi les buissons de myrtilles et les fougères mouillées, je ne tarde pas à avoir les jambes et les pieds totalement trempés.


Je retrouve les sensations de certains jours de pluie du SoCal. A la différence que le paysage semble plus en harmonie avec la météo. « The evergreen State » à quelques raisons objectives d’avoir cette réputation.

Bien sûr, en entrant dans la réserve indienne Yakima, il y a un peu de frustration de ne pas avoir une vue entièrement dégagée sur cette magnifique montagne. Notamment au passage du col Cispuss.


Je devine plus que je ne vois les cirques glaciaires, les pentes vertes traversées par de multiples cours d’eau et un chemin qui avance en balcon sur la vallée constellée de lacs et de cascades.




La brume et la pluie apportent une touche de mystère à l’ensemble. Et renforcent l’impression de solitude (je n’ai croisé que 5 personnes en une journée).


Je pourrais aller plus loin mais, après 25 miles, je suis trempé et refroidi par ces conditions météo. La douleur au pied gauche n’a fait qu’amplifier au fil des heures. J’ai surtout envie de me donner une chance de parcourir la prochaine section (le fameux Knife’s Edge) sous un temps plus clair et plus clément.
Au mile 2275, je choisis un emplacement sous les arbres, le sol sableux est presque sec, pour passer la nuit. Un léger vent va – peut être – permettre de garder la tente au sec. Un ruisseau coule à quelques mètres. Encore un endroit magnifique.

Pour autant, je ne tarde pas à investir la tente pour y dîner et me réchauffer. Il n’est que 18 heures, peu importe. Au moins je profiterai d’une soirée musique et d’une bonne nuit de sommeil.


Étrangement, j’apprécie ces moments pourtant difficiles. Ils font partie integrante de cette aventure. La pluie, le brouillard et le vent y prennent leur part. Ils m’obligent à m’adapter et à puiser dans les ressources physiques et mentales.
Et la nature sauvage dans laquelle je vis depuis près de 4 mois est belle sous tous les temps. Je suis à peu près sûr que je demarrerai la journée du lendemain avec des chaussures et chaussettes trempées. Et que les trois barres de céréales de mon petit déjeuner ne me rechaufferont pas plus que ça. Mais pourtant, je m’endors en pensant surtout aux Goat Rocks et aux paysages magnifiques qui m’attendent demain.

PS: si le soleil veut se joindre à la fête, il est le bienvenu.

Il fallait bien s’attendre un jour ou l’autre à avoir une météo en adéquation avec l’Etat traversé 😉 Il ne reste plus qu’à espérer que comme pour la neige, ce ne soit pas une année record… Bon courage Viggo. Tomorrow is a new day…