Malgré les excès de la veille, je me lève en pleine forme. La douleur au pied gauche à disparu et les courbatures habituelles du matin s’estompent au fil des étapes. Mystère et magie du corps humain.
Je vais quand même calmer le jeu, aujourd’hui, en me limitant à 30 miles. Ainsi, je serai à bonne distance pour atteindre Snoqualmie Pass demain.

Le ciel s’est un peu couvert sans toutefois être menaçant. C’est le temps idéal pour avancer sans souffrir de la chaleur. D’autant que le profil de l’étape ne présente aucune difficulté, avec un faible dénivelé positif.

Le PCT continue sa progression à flanc de montagne, en balcon sur des vallées tranquilles. Mais il n’oublie pas de replonger de temps en temps dans l’épaisse forêt du Parc national.


Je ne croise, ni ne double personne ce matin. Je suis manifestement dans un timing qui me permet d’avancer entre deux « bulles ». La propriétaire de l’hôtel Packwood nous avait dit que l’hôtel serait complet les deux jours suivant notre arrivée.
Après 13 miles, j’arrive au niveau d’une cabane (Mike Urich cabin) où une cinquantaine de personnes, en habits d’époque, sont réunies pour préparer la reconstitution d’une bataille historique. Il s’agit d’un fait de guerre de 1855 (Yakima War, avant la Guerre de Sécession) opposant les tribus indiennes aux États Unis.


Pas d’indiens en vue. A l’exception de leurs descendants occupés à cueillir des myrtilles pour la revente. Et pour la plupart, cantonnés à des emplois subalternes ou au chômage. Tout cela me laisse perplexe.

Je vais passer le reste de la journée à avancer sous un ciel de plus en plus nuageux puis sous la voûte des arbres. Prélevant une quantité non négligeable de fruits des bois.



Chose étrange. La « Rain Forest » comporte peu de points d’eau accessibles. Aussi, malgré la nuit qui semble tomber prématurément, je vais poursuivre jusqu’au Mile 2364 pour remplir les bouteilles dans l’unique ruisseau (sur 12 miles) signalé par une marque au sol.


Puis, encore un Mile en descente pour atteindre une piste forestière au Tacoma Pass. Au bord de laquelle je trouve un emplacement pour la nuit.
Finalement la journée aura passé très vite, sans fait ou paysage marquants. Podcasts sur les oreilles, j’ai marché mécaniquement en ne prêtant que peu d’attention à ce qui m’entoure. Il est normal que sur de telles distances, le chemin soit aussi « intérieur ».
