Un peu comme une allégorie de la vie; des jours avec et des jours sans. Hier, j’ai traîné mes guêtres sur un chemin sans saveur. Aujourd’hui j’ai vécu une magnifique étape. Et j’ai vu l’ours qui a vu l’homme.
Ça a commencé par un lever de soleil prometteur qui m’a fait oublier la nuit glaciale.

Le col du jour est le Donohue Pass. A 11000 pieds (3 350 m), il est bien sûr recouvert de neige, tout comme le chemin d’approche. Cependant, il est facilement accessible et ne présente aucune difficulté technique.

A son sommet, on bascule dans le parc national Yosemite. C’est la première fois que j’aperçois, depuis un col, une vallée totalement épargnée par la neige. Que du vert ! Des sapins, des prairies et une rivière qui serpente au milieu de cet écrin de verdure.


Nous tenons un bon rythme dans la descente du Donohue. Les traversées de torrents sont facilement réalisées. Comme si nous étions pressés d’en finir avec la neige.

Dans une dernière courbe, le chemin arrive sur un plateau dégagé qui domine la vallée. La vue est superbe. La Lyell river, aux reflets émeraude, serpente dans une immense prairie. Nous allons la suivre sur près de 15 miles. Le chemin est souple, il se fraie un passage parmi les tourbières et parfois se transforme en étang qu’il faut contourner sans se mouiller les pieds.



De temps à autre, la rivière accélère son cours et se transforme en torrent avant de se reposer à nouveau. Après la pause déjeuner, je laisse partir Psycho et Crocodile, toujours un peu pressés (pourquoi ?), et ne résiste pas à piquer une tête dans la rivière. Ok, l’eau est froide, mais quelle sensation de liberté dans ce décor naturel !
Je vais profiter ainsi de quelques miles en solitaire à une allure tranquille. Le parc Yosemite offre un décor de choix pour un amoureux de la nature. Au détour d’un bosquet je tombe sur Bambi et sa mère. Un peu effrayé, il ne sait que faire. Il est vite rassuré par sa mère qui n’en est pas à son premier hiker. Ils s’éloignent à peine du chemin sans vraiment me craindre.


J’arrive à un double pont au dessus de la Lyell river.


Puis continue sur le PCT en laissant à ma droite le chemin qui mène à Tuolumne Meadows. Je passe devant la cabane des Rangers, m’engage sur une route forestière qui traverse une petite prairie et … je le vois. Un jeune ours noir se déplaçant tranquillement, le museau dans l’herbe, en quête de nourriture. Je me mets à parler doucement (de n’importe quoi) et continue à marcher en l’observant du coin de l’œil. Il tourne la tête vers moi, m’observe rapidement et repique la tête dans l’herbe. C’est gagné, j’ai droit à un gentil mépris de sa part. Il m’a jugé inoffensif : ni proie, ni prédateur. J’en profite pour le prendre en photo tout en avançant sur le chemin. Non sans regarder de temps à autre derrière moi, au cas où il aurait changé d’avis.


Teddy Bear et Bambi le même jour. Wow ! Strike ! Full day. Et, toujours dans le registre « rencontre avec la faune sauvage », j’ai failli écraser un petit serpent noir qui a traversé le chemin peu après ma rencontre avec Mr Bear.
La suite se déroule dans la lumière de cette fin d’après-midi. Qui met en valeur les paysages du Yosemite park. Et qui crée un superbe arc-en-ciel autour des chutes d’eau de Tuolumne Falls.


Je retrouve mes comparses au terme de l’étape : le camp de Glen Aulin. Dans un espace sablonneux à quelques mètres de White Cascade, c’est un superbe endroit pour passer la nuit.

Ce soir, c’est l’enthousiasme qui règne. La neige nous avait caché l’harmonie des paysages de la Sierra. Nous sommes entrés dans une nouvelle dimension, avec une montagne résolument estivale et une faune sauvage qui se dévoile. Pour l’anecdote, nous avons aussi passé les 1500 kilomètres.



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