Longue journée en solitaire de (presque) 25 miles. Ça monte, ça monte.
Réveillé par le soleil sur la tente, c’est un début idéal pour attaquer cette journée de transition. En effet, le PCT va s’élever progressivement pour aller caresser les contreforts du Mont San Jacinto.

D’abord il me faut suivre sur 7 miles le même type de sentier escarpé et rocailleux, traversant parfois quelques petites prairies tapissées de fleurs, puis reprenant vite son défilé de cactus et de buissons épineux.


Au mile 145, je remplis mes bouteilles au réservoir Walden. L’endroit (campsite, espace pique-nique) est mis à disposition des hikers par un propriétaire privé. Il y a même une mini librairie en libre service.

Jusqu’au mile 151, je vais marcher en suivant de loin un autre hiker qui s’arrête régulièrement pour photographier faune et flore au téléobjectif.

Je prends mon temps car j’ai un objectif précis au mile 151. Bifurquer à gauche avant d’arriver sur la highway 74 et faire un petit mile qui me mène au Paradise Valley Café.


L’endroit est prisé des pctistes. On y sert, parait-il, le meilleur hamburger du PCT. Je m’y installe vers 10h30 et commande le double burger maison, une assiette de frites et deux grands verres de soda. (Ça fait 8 jours que je mange des graines et de la purée).

Bon, c’est sûr, j’apprécie le moment. Dévorer un burger (pas aussi bon que ceux de Big Fernand, clin d’oeil à Adrien), s’asseoir sur une vraie chaise, recharger le smartphone et passer des appels.
J’observe les clients, quelques hikers crasseux (j’en suis) et des gens du cru portant chemises à carreaux et casquettes de trucker. Un vieux musicien joue du blues sur la terrasse. Les pickups sont sagement alignés sur le parking. Une télé diffuse les nouvelles locales. Sur la porte d’entrée, on peut lire « God bless our troops ». Bref, on est en Amérique.


Il est temps de repartir et d’attaquer au moins 15 miles de grimpette. Au moment où je règle mon repas, un mec aux faux airs de Clint Eastwood lance un « hey guys, need a ride to the trailhead ? ». J’acquiesce aussitôt ainsi qu’un hiker australien et nous montons dans un pickup (dont la déco est entièrement consacrée à Jésus Christ) pour rejoindre le PCT à un mile de là.
La suite a été une longue et régulière montée dans un décor alpin aux airs de désolation. En effet, une grande partie de la région a brûlé lors des nombreux incendies de la décennie. Pins et chênes calcinés cohabitent avec quelques arbustes en fleurs. Parfois au pied d’un arbre mort, de nouveaux rameaux esquissent un regain de vie.



Aucun serpent aujourd’hui. Mais au moins cinquante lapins (il n’y a que ça depuis le Mexique), autant d’écureuils et de chipmunks; ainsi que 2 biches.
En fin de journée, je plante ma tente sur un point haut (2140 m), protégé du vent. Je mange des tortillas au thon en profitant du magnifique coucher de soleil sur la mer de nuages qui recouvre la vallée. Demain Idyllwild, la belle station alpine du coin, est à 13 miles de up & down, avec un passage à 2 630 mètres, quelques névés à traverser et une belle descente pour la rejoindre

