J-10 : keep calm and carry on

Rencontre avec un ours

Confucius : une petite impatience ruine parfois de grands projets.

J – 10 et j’ai mon « Bear Canister » (la fameuse boite à Ours) !

Merci à Toothless (PCT class 18) pour ce déjeuner à Paris, cette transmission symbolique et ses précieux conseils.

Quand je vois le soin que je porte à ce gros cylindre en plastique lourd et encombrant, mais aussi à tous les objets insolites de mon paquetage, parfaitement inutiles ou inconnus à la survie parisienne en milieu urbain et laborieux, je comprends que je suis pleinement entré dans l’aventure. Et que j’ai bien entamé ma métamorphose vers l’homme des bois (des déserts et des montagnes aussi) 😉

A J – 10 du départ de la frontière mexicaine, mes choix sont faits en matière d’assurance (CHAPKA Cap Aventure), de logistique et d’hébergement à Los Angeles et San Diego (Merci SCOUT & FRODO) , de carte bancaire (N26) et de téléphonie (FREE).

Mes deux préoccupations majeures sont : gérer l’attente et gérer l’absence.

Gérer l’attente

Ce qui est le plus éprouvant, c’est moins l’énergie positive consacrée aux derniers préparatifs, que la frustration d’attendre son tour et de voir partir les autres thru-hikers chaque jour. A l’affût des posts d’Instagram ou FB, j’envie leurs sourires sur la fameuse photo du monument Zéro ou d’Eagle Rock, leurs repas lyophilisés à l’ombre des cactus, leurs premières galères du fait d’une neige inhabituelle et leur découverte du trail magic.

En partant le 1er Mai, je serai probablement dans la « bulle des 300 » et il faudra que je résiste à la tentation de marcher vite pour m’en extirper, au risque de me blesser. Pfff, moi et mon « oursitude » !!! Keep cool.

En attendant, je gère à ma manière :

  • lire
  • préparer des playlists musicales (encore des listes)
  • faire, défaire et refaire mon sac 107 fois
  • prendre des kilos – en ne me refusant aucun écart gastronomique
  • passer (pas assez) du temps avec mes proches
  • marcher (un tout petit peu) pour aller au taf
  • prendre ma dose quotidienne de réseaux sociaux thème PCT
  • bosser (beaucoup trop) et optimiser mes derniers jours au bureau
  • faire des listes (beaucoup, en voici encore une)

Je n’ai jamais fait autant de listes de ma vie. A faire, à ne pas oublier, à commander, à télécharger, à sauvegarder, à mensualiser, à poser sur le frigo avec la mention « au cas où », etc…

To do List PCT J - 10

Gérer l’absence

J – 10. OK, ça va le faire. « Après tout, tu ne pars que 6 mois et … plus si affinités et désir de perpétuer l’aventure en Amérique Centrale ».

Oui, mais selon les circonstances et les choix, le PCT peut être pour certains bien plus qu’une parenthèse.

Simple récréation, échappatoire, sas de décompression, fuite du quotidien ou transition lente vers une autre vie.

Pour moi, c’est clairement un changement de vie qui s’opère :

  • je quitte un travail que j’aime mais dont j’ai fait le tour après 16 ans, non sans un pincement au cœur; heureux d’avoir participé à une belle cause humanitaire aux côtés de « gens bien » (Merci +++ amis collègues bénévoles et salariés);
  • je vends ou me débarrasse de tout ce qui m’est ou m’apparaît inutile pour les mois qui viennent ; bye les véhicules à 4 roues (exit le diesel) et à 2 roues; je donne les vêtements et le linge de maison (putain, à quoi sert d’avoir 8 parures de draps !!), la vaisselle en trop, l’électroménager qui sommeille dans les placards; ce n’est pas encore la simplification mais ça fait du bien. Petit clin d’œil à « Jules à la bougeotte », parti de Campo le 7 avril.
  • je confie l’appartement aux bons soins de mes enfants à peine majeurs – qui vont ainsi vivre un stage accéléré d’autonomie – et planifie autant que possible le règlement de mes obligations de citoyen (élections européennes, déclaration impôts, paiement des charges, taxes, etc…)
  • j’envisage un déménagement en fin d’année et aspire pour le prochain demi-siècle, à partager davantage de temps et d’espace avec ma « belle ».
  • je me lance dans une nouvelle ère professionnelle en 2020, plus en phase avec un souhait d’équilibre de vie, si toutefois le PCT ne me mange pas tout cru.

Enfin je dompte autant que possible ce sentiment mitigé de culpabilité et de profonde gratitude envers tous ceux qui m’aident à vivre cette expérience unique.

Certains seront à Roissy le 28 Avril pour le départ aux USA. Et tous seront avec moi le mercredi 1er Mai pour mes premiers pas sur le chemin.

24miles
La vie ce n’est pas seulement respirer, c’est aussi avoir le souffle coupé

Revue de paquetage

Du pratique, du léger, du robuste à défaut d’esthétique.

Pour les couleurs, on repassera. Sans être un inconditionnel de l’équipement et du matériel ultra-light, je reconnais avoir pesé le pour et soupesé le contre plusieurs fois avant de constituer mon « paquetage ». Et donc d’avoir privilégié le technique et le confort au « fashion »

Avec certains choix et renoncements très personnels (et donc discutables), je constitue peu à peu ma « pack list » pour le PCT. Il me reste à acquérir encore quelques éléments indispensables (pour la Sierra) et trouver le temps de tester le nouveau matériel en situation réelle proche du PCT.

A ce jour, voici l’essentiel des items testés et retenus. Je précise que ces choix sont réalisés en toute indépendance, sans intention de promouvoir telle ou telle marque.

Bivouac (les big 4)

Sac Gossamer Gear MARIPOSA 60 litres : pratique avec son rapport poids/volume idéal. Solide (peut porter jusqu’à 16 kg) et résistant à l’abrasion. Testé sur le GR10, j’apprécie surtout ses grandes poches latérales (bouteilles accessibles en marchant), sa ceinture confortable. Côté esthétique, c’est bof, mais je m’en fous. Poids à vide 838G.
Sac de couchage ZPACKS classic -7°C : le top. Je l’ai pris en taille L pour 1,83m maximum (je mesure 1,75) sans capuche. Gonflant impressionnant 900 cuin, j’utilise son sac de compression étanche. Testé par des nuits sous 0°C, un confort total pour seulement 568G.
Tente BIG AGNES Fly Creek HV UL1 + Piquets et sardines (changées celles d’origine pour des titane). Tente double toit très bien conçue. J’aime son volume avec une hauteur suffisante pour rester assis, de la place pour entrer le sac. Petite abside, bonne ergonomie et semi-autoportante. Testée plusieurs nuits par tous les temps, peu de condensation, bonne résistance au vent et à la pluie. Inquiétude toutefois quant à la possible fragilité du sol (je l’ai pourtant utilisé sans tapis de sol). Poids total vérifié 865 G
Matelas gonflant Thermarest Neoair Xlite. Rien à dire, c’est un must. Pris en taille regular car j’aime avoir le corps entier sur le matelas. Confort et isolation pour le meilleur rapport poids/volume du marché. Poids 350 G.
SitPad mousse Z Lite: une petite fantaisie. J’ai découpé un morceau d’un vieux et inusable Thermarest Z Lite (4 panneaux) pour en faire à la fois le frame de mon sac MARIPOSA et un support pour m’assoir (ou m’agenouiller) en étape ou au bivouac. Idéal à l’entrée de la tente. Testé sur plusieurs randos, c’est devenu un incontournable . Poids 117 G

Hygiène – Cuisine – Électronique


2 Sacs étanches Cuben de ZPACKS: 1 dry bag pour les vêtements et 1 big food pour la nourriture. Etanches et très légers. Les deux pour 57 G
1 filtre Sawyer Squeeze (67 G) + bouteille souple 2L (28 G): système testé en plaine et dans les Pyrénées, pratique et rapide. J’emporterai bien sûr, une fois aux USA, des bouteilles d’eau en complément (2 smartwater 1L)
1 serviette microfibre PackTool Nano + 1 pince à linge: 40 G
1 trousse toilette: dans un sachet Ziploc (morceau de savon d’Alep, brosse à dent et dentifrice voyage, 1 rasoir jetable, flacon nalgene pour crème solaire) : 140 G
1 trousse pharmacie dans un sachet Ziploc (assortiment avec pansements, ibuprofène, antiseptique, épingles à nourrice, pince a épiler et ciseaux) : 100 G
Kit cuisine composé d’1 pot repas avec couvercle 600 ML (ancien pot de glace), 1 spork Sea to Summit 9 G (cuillère et fourchette en titane) + 1 couteau Fimam Chapa 27 G + 1 briquet bic mini + 1 tasse repliable Wildo 24 G + 1 mini salière (sel mélange perso avec ail, piment d’Espelette et poivre) + 5 G d’éponge coupée. PAS DE RÉCHAUD (oui, je sais ça se discute, mais j’ai l’habitude de randonner ainsi).
1 lampe frontale Black Diamond Ion: 31 G
1 smartphone Samsung Galaxy S7 Edge (157 G) + écouteurs. Les points positifs: bonne qualité de photo + autonomie assez longue + écran large pour confort de lecture et de rédaction de posts sur l’application WordPress.
1 batterie Anker Powercore 10000 A (185 G) + 1 chargeur Dual USB Quick Charge 3.0 (130G) avec adaptateur US. A voir sur la durée !
1 paire de bâtons de marche CAMP Xenon 4 : légers et pratiques, repliables en 4 (280 G la paire). C’est un choix discutable car j’ai un doute sur leur durée de vie US. Ils ont beaucoup bourlingué et j’en suis satisfait mais Je les utilise surtout à la montée, car leur usage n’est pas conseillé à la descente.

Vêtements hauts

Equipement PCT 3
1 Doudoune CUMULUS incredilite 115G duvet : Sans aucun doute, dans le top 3 des valeurs sûres de cette pack-list. D’un rapport poids/volume excellent pour un confort de chaleur total. Elle sait se fait oublier au fond du sac (dans son propre sac de compression) et apporte la chaleur nécessaire le soir au bivouac ou dans les premières foulées du matin. 295 G
1 veste Outdoor Research Helium II: imperméable et respirante. Suffisamment légère pour servir de simple coupe vent, je l’ai utilisée surtout dans des conditions exécrables de météo, elle fait le job. Bien taillée, j’apprécie le zip total et la capuche avec visière réglable. Elle ne pèse que 180 G.

1 tee-shirt Vertical Désert FFRP, à manches longues et capuche: en Drylight, il évacue l’humidité et sèche rapidement. La coupe et son tissu extensible le rendent indispensable pour la randonnée estivale et l’alpinisme. 120 G
2 tee-shirts techniques Odlo (manches longues) et Décathlon (manches courtes) : 165 G. Pas vraiment fixé sur ce choix, je cherche encore du côté des tissus en mérinos.
Tour de cou (Kalenji) qui sert aussi d’oreiller (55 G), casquette (55 G), paire de sous-gants de running (23 G), paire de lunettes de soleil
1 parapluie Sea to Summit Mini trekking; je sais que beaucoup s’en passent mais j’apprécie son utilité à la fois en protection du soleil et de la pluie tout en permettant une aération optimale du bonhomme. 155 G

Vêtements bas

Equipement PCT 4
1 pantalon léger (Wedze): l’article maintes fois éprouvé que je possède depuis 8 ans. A la fois confortable, coupe vent et très léger. Pas waterproof mais sèche très vite. 210 G
1 Short Odlo Zeroweight X Light: pratique, aéré et sait se faire oublier. Testé et approuvé sur le GR10 et en course à pied. 90 G
2 Boxers Icebreaker Anatomica: le confort et les avantages antibactériens et anti-odeurs de la laine mérinos. 55G pièce.
2 paires de chaussettes Injinji: taille basse (catégorie Running). 5 doigts séparés, confortables; j’ai hésité à aller vers ce que je pensais être un gadget mais j’ai été bluffé par le résultat. Testées en situation de trail 15 jours intenses par tous les temps et aucune ampoule. 2 x 35 G
1 paire de chaussures Altra Lone Peak 3.0. J’apprécie surtout leur polyvalence et leur largeur pour les orteils (toe box). Leur plateforme Zéro Drop a beaucoup sollicité mes tendons d’Achille au début mais il faut reconnaitre que j’ai gagné en souplesse. Je pense partir avec 1 paire supplémentaire (modèle plus récent Altra Lone Peak 4.0) que j’expédierai avec mon « kit spécial Sierra » à Kennedy Meadows.

Pour le reste des items, voici ma liste complète (ou presque) pour un poids de base de 5,36 KG. But to be continued.

PCT Français
Et hop, le sac est rempli (le drapeau français est optionnel. Tendance « Champions du Monde » )

Visa et permis

Préparer un voyage, c’est déjà voyager un peu. En l’occurrence, préparer une aventure telle que le PCT, c’est aussi un long parcours administratif. Il est jalonné d’étapes à franchir qui vous rapprocheront peu à peu du jour de votre départ.
3 étapes importantes consistent à obtenir :

  • le visa pour les USA
  • le permis de marcher sur le PCT : PCT Permit
  • les autres permis
1/ Le visa

Il est obligatoire (si vous êtes français et) si vous comptez aller au bout du PCT. Car il vous faudra bien plus que les 90 jours autorisés par l’ESTA. Le sésame s’appelle alors le « visa B2 », adapté aux séjours touristiques de 3 à 6 mois.
Pour l’obtenir, il faudra lire avec attention les consignes du site de l’ambassade américaine. Puis remplir le long formulaire DS-160 en ligne, obtenir un numéro de validation (associé au compte de demandeur), payer 160 USD (uniquement par carte de débit ou par virement) et prendre rendez-vous à l’ambassade américaine. Pour ma part, j’ai obtenu ce RDV dans la semaine de ma demande.

Lors de ce rendez-vous, plutôt stressant, veillez à vous munir de votre convocation, de votre passeport (validité minimum de 6 mois), du formulaire DS-160 et d’une photo d’identité récente de taille 5 X 5 cm (format US obligatoire). Mais aussi, de tout document prouvant :

  • la motivation de votre voyage (tracé du PCT par exemple)
  • la couverture financière suffisante (relevés bancaires)
  • les garanties de …votre retour en France au terme du voyage (par exemple une attestation d’employeur)

Au terme de 30 minutes d’attente et d’un bref entretien (en français et en anglais) avec un officier consulaire, vous aurez droit – je l’espère – au fameux «your visa is approved». Votre passeport, agrémenté du VISA d’une validité de 10 ans, vous sera retourné par courrier postal dans les cinq jours.

Edit – Mon retour d’expérience.

J’ai obtenu le RDV à l’ambassade américaine (Paris) un vendredi à 10h30. Je patiente dans le jardin public le plus proche dès 9h45, occupé à dresser l’inventaire de mon dossier, «répéter intérieurement» mon argumentaire et observer les autres personnes manifestement dans les mêmes dispositions que moi. Le stress montant, je rejoins dès 10h15 (vous n’y êtes pas autorisés avant), une file d’attente d’une dizaine de personnes.

Puis vient le passage au poste de sécurité. je vide totalement mes poches et confie à l’agent de sécurité tous mes objets électroniques éteints (clés usb, cartes sd incluses) et tous les objets métalliques avant de passer dans un sas. Attention, la personne qui me suit se fait refouler car elle est venue avec son PC, ce qui est totalement interdit. Après ce poste de sécurité, j’obtiens un badge visiteur et accède à la salle d’attente des visas B1 et B2 de l’ambassade.

L’organisation à l’américaine est au top. Une première file d’attente rapide pour passer un premier guichet : présentation du passeport, de la confirmation de RDV et des photos d’identité, puis capture de mes empreintes. Une deuxième file d’attente, 15 à 20 minutes, avant de se présenter au second guichet face à l’agent chargé d’évaluer ma demande.

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Ressources web

La communauté web des thru-hikers, grâce à de nombreux sites, blogs et forums, nous offre les possibilités d’une bonne préparation du PCT.

Quelques sites incontournables :

Coup de cœur : Pour les aspirants PCTistes francophones, le forum de HFR héberge un topic PCT qui est une bible de renseignements et de retours d’expériences. Animé par une poignée de passionnés, offrant une grande liberté de ton et d’échanges. Ce forum en français est très largement documenté grâce aux apports des « french hikers » et à l’abattage du « taulier » André ;). Ce dernier ayant également publié son récit « Un aller sans retour ».

Autres outils pratiques: