J 128 bis – PCT Epilogue

Plusieurs jours ont passé depuis l’arrivée à Manning Park. Il aura fallu atterrir doucement et reprendre un peu le contrôle d’une vie vagabonde et insouciante.

Dernières traces sur le PCT


Après avoir passé quelques heures, côté canadien de la frontière, j’ai marché dans l’autre sens, en revenant sur mes traces jusqu’à Harts Pass avec la légèreté de ceux qui n’ont plus rien à prouver. Croisant et encourageant mes camarades dans leur dernière ligne droite. Je les enviais presque d’avoir encore quelques émotions à vivre avant l’arrivée.
Le 7 septembre, peu avant d’atteindre Harts Pass, je reconnais la silhouette de Crocodile. Au comble de notre joie de partager quelques minutes ensemble, nous nous félicitons mutuellement et avons du mal à contenir un trop plein d’émotion. Partis le 1er mai, nous aurons quasiment terminé ensemble cette aventure.

Viggo et Crocodile (PCT Class 19)

J’apprendrai, plus tard, que Psycho  atteindra le Canada le 10 Septembre et retrouvera Crocodile pour quelques heures.

Wesley « Psycho » made it !!!


De mon côté, Harts Pass marque l’ultime étape de ce PCT à rallonge. Un magnifique « trail magic » pour finir en beauté. De ces moments de partage et de simplicité qui donnent du relief à la vie.
Et comme celle-ci n’est pas avare de bonnes surprises, je retrouve Lucile, une française rencontrée (en janvier 2019) à Paris lors d’une réunion organisée entre futurs PCTistes. Elle a terminé en compagnie de Wolfie, un danois. Même s’ils n’ont pas parcouru l’intégralité du chemin, leur aventure aura été à la fois éprouvante physiquement et gratifiante sur le plan sentimental. Car ils sont tombés amoureux au fil du parcours.

Wolfie et Lucile

Autour du feu, nous sympathisons avec un couple d’Américains venus soutenir les « finishers ». Passionnés d’escalade, ils possèdent un chalet non loin de Mazama Village où ils ont décidé de vivre à l’année. Les discussions tournent sur l’après PCT. Et là possibilité d’aller au Mexique, dont ils reviennent enthousiaste après un voyage de 6 mois.
Tout naturellement, Jerry et sa femme, Annette, nous proposent (à Lucile, Wolfie et moi) de passer la nuit chez eux.
Ce fut une magnifique façon de terminer cette aventure. Un accueil chaleureux, un repas préparé en commun (avec baguette et fromage ) et le sentiment de partager ces moments privilégiés comme les membres d’une même famille.

Annette, Wolfie, Lucile et Jerry
Apéro autour du foyer
Préparation du dîner

Le lendemain, après un petit déjeuner copieux, ce sera le temps des adieux. Jerry me conduit gentiment jusqu’à la petite ville voisine de Winthrop où je passerai 3 jours à me reposer avant de rallier Seattle. Entre lecture, écriture, vidéos, burgers, bières et longues discussions avec les « PCT hikers » de passage, j’ai apprécié ces journées.

Avec Annette et Jerry, best « trail angels » ever !

J’ai eu le temps de troquer ma tenue d’aventurier contre quelques fringues plus classiques pour me préparer au retour à la ville. Un jean, deux tee-shirts et un sweat. Une coupe de cheveux chez le barbier local.

Retour (slow) à la real life

Puis, je prendrai le bus pour Seattle, via Wenatchee, afin de retrouver physiquement celle qui a « marché avec moi » pendant ces 128 jours.
Une autre magnifique aventure, à partager, se présente à nous.

Un road-trip de 3 mois qui nous mènera dans le grand Ouest américain, sur les traces des aztèques au Mexique puis dans les premiers frimas de l’hiver canadien.


Une explosion de souvenirs, d’images et d’imprévus.
Il y aurait tant à raconter.
Mais c’est déjà une autre histoire.

Beautiful Widerness
Oregon Coast
Golden Gate Bridge
Nuit à Monument Park

See U soon.

J 86 – 25 juillet. Paynes Lake (Mile 1594).

Et oui, même pas 30 miles !!! Mais le lac est trop beau, invitant à se poser au calme, se baigner et passer la nuit sur le rivage.

Bon, il ne faut pas exagérer. Je viens de réaliser une troisième grosse journée. Toujours en ayant aussi mal aux pieds. Toujours en étant aussi peu « emballé » par le paysage.

Ma carotte, c’est de passer demain un gros « nero » day (near zero) dans la petite ville d’Etna. La route qui y mène n’est qu’à 5 miles.

Je suis parti ce matin à 6 heures. Ayant dormi rapidement et profondément, je m’étais réveillé à 5 heures sans pouvoir me rendormir. Les premiers miles, à la fraîche, sont vite avalés. Le chemin sort de plus en plus de la forêt pour se retrouver à flanc de montagne. Le relief est très accidenté, composé d’aiguilles de granit et d’eboulis. Beaucoup d’arbres brûlés ajoutent une touche de désolation à cette montagne du Nord Californie.

Le chemin change parfois de versant, histoire de nous remettre une couche de Mont Shasta. Mais aussi de traverser quelques ruisseaux (rares) bienvenus. Et comme on finit par s’habituer à tout, je trouve même que le paysage gagne en intérêt à partir de l’entrée dans le Russian Wilderness. 

Entrée dans Russian Wilderness
Le PCT sort du bois
Et prend de la hauteur

Vue panoramique, passages vertigineux, lacs d’altitude et nombreux ruisseaux. Avec de temps à autre, une vue sur la Scott Valley et ses anciennes mines.

Jackson Lake
Au loin, Scott Valley
Lys de montagne

Je croise quelques randonneurs à la journée. L’un deux, habitant Etna, m’apprend que la Scott Valley est le coeur de revendication de la création d’un 51eme état : le Jefferson State. C’est loin d’être une plaisanterie et basé sur une réalité historique. Et puis, ce qui m’amuse c’est quand il ajoute : » la Californie est déjà suffisamment grande. Ici elle ne sert à rien ». Sentiment partagé par un PCTiste qui n’en finit pas de marcher … en Californie.

J’ai bien pensé poursuivre mon chemin jusqu’au Mile 1599 pour rejoindre Etna dès ce soir, mais j’avoue avoir vite abandonné cette idée. D’abord je suis fatigué par ces grosses étapes. Ensuite, j’aurai plus de chances d’avoir un « ride » demain matin plutôt que vers 20h00 ce jour. Enfin, il y a ce spot d’enfer qu’est le Paynes Lake.

Paynes Lake 1
Paynes Lake 2

J’installe la tente, au bord de l’eau, entre deux arbres. Puis je me mets en boxer pour une baignade de 30 minutes dans une eau tempérée (Le lac est chauffé par le soleil toute la journée). Intense sensation de liberté. Autour, il n’y a rien, ni personne.

Chambre avec vue sur piscine

Je m’allonge sur un grand rocher plat pour sécher. J’observe les ronds dans l’eau (truites) et le ballet des libellules. Toute la fatigue accumulée semble s’être évaporée et laisse place à un profond sentiment de bien être.

Lake Placid

Je dîne avec Katie Melua, Norah Jones, Damien Rice, Muse et quelques autres. Chacun à sa manière semble en harmonie avec cette soirée au bord d’un lac perdu dans … l’Etat de Jefferson. Et je vis intensément la chance que j’ai d’être ici.

Seasonal stream
Klamath valley

J-10 : keep calm and carry on

Rencontre avec un ours

Confucius : une petite impatience ruine parfois de grands projets.

J – 10 et j’ai mon « Bear Canister » (la fameuse boite à Ours) !

Merci à Toothless (PCT class 18) pour ce déjeuner à Paris, cette transmission symbolique et ses précieux conseils.

Quand je vois le soin que je porte à ce gros cylindre en plastique lourd et encombrant, mais aussi à tous les objets insolites de mon paquetage, parfaitement inutiles ou inconnus à la survie parisienne en milieu urbain et laborieux, je comprends que je suis pleinement entré dans l’aventure. Et que j’ai bien entamé ma métamorphose vers l’homme des bois (des déserts et des montagnes aussi) 😉

A J – 10 du départ de la frontière mexicaine, mes choix sont faits en matière d’assurance (CHAPKA Cap Aventure), de logistique et d’hébergement à Los Angeles et San Diego (Merci SCOUT & FRODO) , de carte bancaire (N26) et de téléphonie (FREE).

Mes deux préoccupations majeures sont : gérer l’attente et gérer l’absence.

Gérer l’attente

Ce qui est le plus éprouvant, c’est moins l’énergie positive consacrée aux derniers préparatifs, que la frustration d’attendre son tour et de voir partir les autres thru-hikers chaque jour. A l’affût des posts d’Instagram ou FB, j’envie leurs sourires sur la fameuse photo du monument Zéro ou d’Eagle Rock, leurs repas lyophilisés à l’ombre des cactus, leurs premières galères du fait d’une neige inhabituelle et leur découverte du trail magic.

En partant le 1er Mai, je serai probablement dans la « bulle des 300 » et il faudra que je résiste à la tentation de marcher vite pour m’en extirper, au risque de me blesser. Pfff, moi et mon « oursitude » !!! Keep cool.

En attendant, je gère à ma manière :

  • lire
  • préparer des playlists musicales (encore des listes)
  • faire, défaire et refaire mon sac 107 fois
  • prendre des kilos – en ne me refusant aucun écart gastronomique
  • passer (pas assez) du temps avec mes proches
  • marcher (un tout petit peu) pour aller au taf
  • prendre ma dose quotidienne de réseaux sociaux thème PCT
  • bosser (beaucoup trop) et optimiser mes derniers jours au bureau
  • faire des listes (beaucoup, en voici encore une)

Je n’ai jamais fait autant de listes de ma vie. A faire, à ne pas oublier, à commander, à télécharger, à sauvegarder, à mensualiser, à poser sur le frigo avec la mention « au cas où », etc…

To do List PCT J - 10

Gérer l’absence

J – 10. OK, ça va le faire. « Après tout, tu ne pars que 6 mois et … plus si affinités et désir de perpétuer l’aventure en Amérique Centrale ».

Oui, mais selon les circonstances et les choix, le PCT peut être pour certains bien plus qu’une parenthèse.

Simple récréation, échappatoire, sas de décompression, fuite du quotidien ou transition lente vers une autre vie.

Pour moi, c’est clairement un changement de vie qui s’opère :

  • je quitte un travail que j’aime mais dont j’ai fait le tour après 16 ans, non sans un pincement au cœur; heureux d’avoir participé à une belle cause humanitaire aux côtés de « gens bien » (Merci +++ amis collègues bénévoles et salariés);
  • je vends ou me débarrasse de tout ce qui m’est ou m’apparaît inutile pour les mois qui viennent ; bye les véhicules à 4 roues (exit le diesel) et à 2 roues; je donne les vêtements et le linge de maison (putain, à quoi sert d’avoir 8 parures de draps !!), la vaisselle en trop, l’électroménager qui sommeille dans les placards; ce n’est pas encore la simplification mais ça fait du bien. Petit clin d’œil à « Jules à la bougeotte », parti de Campo le 7 avril.
  • je confie l’appartement aux bons soins de mes enfants à peine majeurs – qui vont ainsi vivre un stage accéléré d’autonomie – et planifie autant que possible le règlement de mes obligations de citoyen (élections européennes, déclaration impôts, paiement des charges, taxes, etc…)
  • j’envisage un déménagement en fin d’année et aspire pour le prochain demi-siècle, à partager davantage de temps et d’espace avec ma « belle ».
  • je me lance dans une nouvelle ère professionnelle en 2020, plus en phase avec un souhait d’équilibre de vie, si toutefois le PCT ne me mange pas tout cru.

Enfin je dompte autant que possible ce sentiment mitigé de culpabilité et de profonde gratitude envers tous ceux qui m’aident à vivre cette expérience unique.

Certains seront à Roissy le 28 Avril pour le départ aux USA. Et tous seront avec moi le mercredi 1er Mai pour mes premiers pas sur le chemin.

24miles
La vie ce n’est pas seulement respirer, c’est aussi avoir le souffle coupé

Revue de paquetage

Du pratique, du léger, du robuste à défaut d’esthétique.

Pour les couleurs, on repassera. Sans être un inconditionnel de l’équipement et du matériel ultra-light, je reconnais avoir pesé le pour et soupesé le contre plusieurs fois avant de constituer mon « paquetage ». Et donc d’avoir privilégié le technique et le confort au « fashion »

Avec certains choix et renoncements très personnels (et donc discutables), je constitue peu à peu ma « pack list » pour le PCT. Il me reste à acquérir encore quelques éléments indispensables (pour la Sierra) et trouver le temps de tester le nouveau matériel en situation réelle proche du PCT.

A ce jour, voici l’essentiel des items testés et retenus. Je précise que ces choix sont réalisés en toute indépendance, sans intention de promouvoir telle ou telle marque.

Bivouac (les big 4)

Sac Gossamer Gear MARIPOSA 60 litres : pratique avec son rapport poids/volume idéal. Solide (peut porter jusqu’à 16 kg) et résistant à l’abrasion. Testé sur le GR10, j’apprécie surtout ses grandes poches latérales (bouteilles accessibles en marchant), sa ceinture confortable. Côté esthétique, c’est bof, mais je m’en fous. Poids à vide 838G.
Sac de couchage ZPACKS classic -7°C : le top. Je l’ai pris en taille L pour 1,83m maximum (je mesure 1,75) sans capuche. Gonflant impressionnant 900 cuin, j’utilise son sac de compression étanche. Testé par des nuits sous 0°C, un confort total pour seulement 568G.
Tente BIG AGNES Fly Creek HV UL1 + Piquets et sardines (changées celles d’origine pour des titane). Tente double toit très bien conçue. J’aime son volume avec une hauteur suffisante pour rester assis, de la place pour entrer le sac. Petite abside, bonne ergonomie et semi-autoportante. Testée plusieurs nuits par tous les temps, peu de condensation, bonne résistance au vent et à la pluie. Inquiétude toutefois quant à la possible fragilité du sol (je l’ai pourtant utilisé sans tapis de sol). Poids total vérifié 865 G
Matelas gonflant Thermarest Neoair Xlite. Rien à dire, c’est un must. Pris en taille regular car j’aime avoir le corps entier sur le matelas. Confort et isolation pour le meilleur rapport poids/volume du marché. Poids 350 G.
SitPad mousse Z Lite: une petite fantaisie. J’ai découpé un morceau d’un vieux et inusable Thermarest Z Lite (4 panneaux) pour en faire à la fois le frame de mon sac MARIPOSA et un support pour m’assoir (ou m’agenouiller) en étape ou au bivouac. Idéal à l’entrée de la tente. Testé sur plusieurs randos, c’est devenu un incontournable . Poids 117 G

Hygiène – Cuisine – Électronique


2 Sacs étanches Cuben de ZPACKS: 1 dry bag pour les vêtements et 1 big food pour la nourriture. Etanches et très légers. Les deux pour 57 G
1 filtre Sawyer Squeeze (67 G) + bouteille souple 2L (28 G): système testé en plaine et dans les Pyrénées, pratique et rapide. J’emporterai bien sûr, une fois aux USA, des bouteilles d’eau en complément (2 smartwater 1L)
1 serviette microfibre PackTool Nano + 1 pince à linge: 40 G
1 trousse toilette: dans un sachet Ziploc (morceau de savon d’Alep, brosse à dent et dentifrice voyage, 1 rasoir jetable, flacon nalgene pour crème solaire) : 140 G
1 trousse pharmacie dans un sachet Ziploc (assortiment avec pansements, ibuprofène, antiseptique, épingles à nourrice, pince a épiler et ciseaux) : 100 G
Kit cuisine composé d’1 pot repas avec couvercle 600 ML (ancien pot de glace), 1 spork Sea to Summit 9 G (cuillère et fourchette en titane) + 1 couteau Fimam Chapa 27 G + 1 briquet bic mini + 1 tasse repliable Wildo 24 G + 1 mini salière (sel mélange perso avec ail, piment d’Espelette et poivre) + 5 G d’éponge coupée. PAS DE RÉCHAUD (oui, je sais ça se discute, mais j’ai l’habitude de randonner ainsi).
1 lampe frontale Black Diamond Ion: 31 G
1 smartphone Samsung Galaxy S7 Edge (157 G) + écouteurs. Les points positifs: bonne qualité de photo + autonomie assez longue + écran large pour confort de lecture et de rédaction de posts sur l’application WordPress.
1 batterie Anker Powercore 10000 A (185 G) + 1 chargeur Dual USB Quick Charge 3.0 (130G) avec adaptateur US. A voir sur la durée !
1 paire de bâtons de marche CAMP Xenon 4 : légers et pratiques, repliables en 4 (280 G la paire). C’est un choix discutable car j’ai un doute sur leur durée de vie US. Ils ont beaucoup bourlingué et j’en suis satisfait mais Je les utilise surtout à la montée, car leur usage n’est pas conseillé à la descente.

Vêtements hauts

Equipement PCT 3
1 Doudoune CUMULUS incredilite 115G duvet : Sans aucun doute, dans le top 3 des valeurs sûres de cette pack-list. D’un rapport poids/volume excellent pour un confort de chaleur total. Elle sait se fait oublier au fond du sac (dans son propre sac de compression) et apporte la chaleur nécessaire le soir au bivouac ou dans les premières foulées du matin. 295 G
1 veste Outdoor Research Helium II: imperméable et respirante. Suffisamment légère pour servir de simple coupe vent, je l’ai utilisée surtout dans des conditions exécrables de météo, elle fait le job. Bien taillée, j’apprécie le zip total et la capuche avec visière réglable. Elle ne pèse que 180 G.

1 tee-shirt Vertical Désert FFRP, à manches longues et capuche: en Drylight, il évacue l’humidité et sèche rapidement. La coupe et son tissu extensible le rendent indispensable pour la randonnée estivale et l’alpinisme. 120 G
2 tee-shirts techniques Odlo (manches longues) et Décathlon (manches courtes) : 165 G. Pas vraiment fixé sur ce choix, je cherche encore du côté des tissus en mérinos.
Tour de cou (Kalenji) qui sert aussi d’oreiller (55 G), casquette (55 G), paire de sous-gants de running (23 G), paire de lunettes de soleil
1 parapluie Sea to Summit Mini trekking; je sais que beaucoup s’en passent mais j’apprécie son utilité à la fois en protection du soleil et de la pluie tout en permettant une aération optimale du bonhomme. 155 G

Vêtements bas

Equipement PCT 4
1 pantalon léger (Wedze): l’article maintes fois éprouvé que je possède depuis 8 ans. A la fois confortable, coupe vent et très léger. Pas waterproof mais sèche très vite. 210 G
1 Short Odlo Zeroweight X Light: pratique, aéré et sait se faire oublier. Testé et approuvé sur le GR10 et en course à pied. 90 G
2 Boxers Icebreaker Anatomica: le confort et les avantages antibactériens et anti-odeurs de la laine mérinos. 55G pièce.
2 paires de chaussettes Injinji: taille basse (catégorie Running). 5 doigts séparés, confortables; j’ai hésité à aller vers ce que je pensais être un gadget mais j’ai été bluffé par le résultat. Testées en situation de trail 15 jours intenses par tous les temps et aucune ampoule. 2 x 35 G
1 paire de chaussures Altra Lone Peak 3.0. J’apprécie surtout leur polyvalence et leur largeur pour les orteils (toe box). Leur plateforme Zéro Drop a beaucoup sollicité mes tendons d’Achille au début mais il faut reconnaitre que j’ai gagné en souplesse. Je pense partir avec 1 paire supplémentaire (modèle plus récent Altra Lone Peak 4.0) que j’expédierai avec mon « kit spécial Sierra » à Kennedy Meadows.

Pour le reste des items, voici ma liste complète (ou presque) pour un poids de base de 5,36 KG. But to be continued.

PCT Français
Et hop, le sac est rempli (le drapeau français est optionnel. Tendance « Champions du Monde » )

Visa et permis

Préparer un voyage, c’est déjà voyager un peu. En l’occurrence, préparer une aventure telle que le PCT, c’est aussi un long parcours administratif. Il est jalonné d’étapes à franchir qui vous rapprocheront peu à peu du jour de votre départ.
3 étapes importantes consistent à obtenir :

  • le visa pour les USA
  • le permis de marcher sur le PCT : PCT Permit
  • les autres permis
1/ Le visa

Il est obligatoire (si vous êtes français et) si vous comptez aller au bout du PCT. Car il vous faudra bien plus que les 90 jours autorisés par l’ESTA. Le sésame s’appelle alors le « visa B2 », adapté aux séjours touristiques de 3 à 6 mois.
Pour l’obtenir, il faudra lire avec attention les consignes du site de l’ambassade américaine. Puis remplir le long formulaire DS-160 en ligne, obtenir un numéro de validation (associé au compte de demandeur), payer 160 USD (uniquement par carte de débit ou par virement) et prendre rendez-vous à l’ambassade américaine. Pour ma part, j’ai obtenu ce RDV dans la semaine de ma demande.

Lors de ce rendez-vous, plutôt stressant, veillez à vous munir de votre convocation, de votre passeport (validité minimum de 6 mois), du formulaire DS-160 et d’une photo d’identité récente de taille 5 X 5 cm (format US obligatoire). Mais aussi, de tout document prouvant :

  • la motivation de votre voyage (tracé du PCT par exemple)
  • la couverture financière suffisante (relevés bancaires)
  • les garanties de …votre retour en France au terme du voyage (par exemple une attestation d’employeur)

Au terme de 30 minutes d’attente et d’un bref entretien (en français et en anglais) avec un officier consulaire, vous aurez droit – je l’espère – au fameux «your visa is approved». Votre passeport, agrémenté du VISA d’une validité de 10 ans, vous sera retourné par courrier postal dans les cinq jours.

Edit – Mon retour d’expérience.

J’ai obtenu le RDV à l’ambassade américaine (Paris) un vendredi à 10h30. Je patiente dans le jardin public le plus proche dès 9h45, occupé à dresser l’inventaire de mon dossier, «répéter intérieurement» mon argumentaire et observer les autres personnes manifestement dans les mêmes dispositions que moi. Le stress montant, je rejoins dès 10h15 (vous n’y êtes pas autorisés avant), une file d’attente d’une dizaine de personnes.

Puis vient le passage au poste de sécurité. je vide totalement mes poches et confie à l’agent de sécurité tous mes objets électroniques éteints (clés usb, cartes sd incluses) et tous les objets métalliques avant de passer dans un sas. Attention, la personne qui me suit se fait refouler car elle est venue avec son PC, ce qui est totalement interdit. Après ce poste de sécurité, j’obtiens un badge visiteur et accède à la salle d’attente des visas B1 et B2 de l’ambassade.

L’organisation à l’américaine est au top. Une première file d’attente rapide pour passer un premier guichet : présentation du passeport, de la confirmation de RDV et des photos d’identité, puis capture de mes empreintes. Une deuxième file d’attente, 15 à 20 minutes, avant de se présenter au second guichet face à l’agent chargé d’évaluer ma demande.

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Petit lexique du PCT

La communauté des « thru-hikers » a son propre jargon. Voici un petit lexique (non exhaustif) des termes et acronymes utilisés couramment sur le chemin.

AYCE (All You Can Eat) : quand vous avez la dalle, les crocs, une faim de loup, bref la fameuse «Hiker Hunger» = la grande faim du randonneur au long cours.

BASE-WEIGHT : le poids de base de votre sac à dos, sans nourriture, eau ni autres consommables.

BEAR CANISTER : la boîte à ours pour stocker des aliments et tout ce qui a une odeur attrayante pour un ours (popote, articles de toilette, etc.). C’est un récipient plastique volumineux, très solide et transportable. Il est obligatoire sur plusieurs sections du PCT. Au campement il doit être placé à distance de la tente (au moins 100 mètres). La «bear canister» peut aussi faire office de bon tabouret

BONUS MILES: Il s’agit de tous les miles supplémentaires qui, sans faire officiellement partie du PCT, devront être parcourus pour rejoindre un point de réapprovisionnement, un bureau de poste, un hébergement, une source d’eau, un bon terrain pour camper… Mais aussi les détours (en cas d’incendies) et les erreurs de navigation.

BOINK: (verbe) manquer d’énergie du fait d’une consommation insuffisante de calories.

BOUNCE BOX : c’est un colis de ravitaillement ou d’équipement que vous pouvez vous envoyer par la Poste tout au long de votre parcours (littéralement la « boite rebond »).

CAIRN: pile de pierres fabriquée par l’homme pour baliser et signaler le sentier.

CAMEL UP: Boire autant d’eau que possible lorsqu’on se trouve à une source. Outre l’hydratation, c’est aussi une manière de réduire le volume d’eau à transporter.

CAT HOLE: une des pierres angulaires de la philosophie LNT (Leave No Trace). C’est le trou que vous creusez pour assouvir et enterrer … un gros besoin naturel. Il est recommandé de faire ce «trou de chat» profond de 15-20 cm et le plus loin possible (200 m) du sentier et de toute source d’eau..

COWBOY CAMPING: Dormir à la belle étoile. Sans abri (sans tente ni tarp). .

DAY HIKER: randonneur à la journée (promeneur) avec lequel le thru-hiker n’aime pas être confondu.

DRY CAMPING: Camper sans source d’eau à proximité. Ce qui n’est pas l’habitude des randonneurs qui recherchent plutôt la proximité d’un point d’eau pour la nuit. Toutefois dans les zones à ours, les randonneurs dînent à proximité d’une source d’eau, puis poursuivent leur randonnée quelques heures après.

FLIP FLOP: tactique consistant à effectuer une partie du PCT puis de sauter une section dans l’intention d’y revenir plus tard. Par exemple, dans une année très neigeuse, un randonneur peut sauter la Sierra (en juin), terminer le reste du PCT, puis revenir dans la Sierra en Août, dans des conditions plus favorables.

FLOATIES: se dit de tout corps étranger flottant dans votre eau après avoir rempli vos bouteilles.

GIARDA: parasite intestinal qui provoque des crampes d’estomac, une diarrhée chronique, des nausées et tous les autres désagréments associés. Il est transmis par contamination de l’eau via les matières fécales. D’où l’incitation à la philosophie du LNT et l’usage quasi systématique d’un filtre à eau.

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Ressources web

La communauté web des thru-hikers, grâce à de nombreux sites, blogs et forums, nous offre les possibilités d’une bonne préparation du PCT.

Quelques sites incontournables :

Coup de cœur : Pour les aspirants PCTistes francophones, le forum de HFR héberge un topic PCT qui est une bible de renseignements et de retours d’expériences. Animé par une poignée de passionnés, offrant une grande liberté de ton et d’échanges. Ce forum en français est très largement documenté grâce aux apports des « french hikers » et à l’abattage du « taulier » André ;). Ce dernier ayant également publié son récit « Un aller sans retour ».

Autres outils pratiques:

L’itinéraire du PCT

Le Pacific Crest Trail (PCT) est l’un des trois plus longs et célèbres sentiers américains, avec le sentier des Appalaches et le Continental Divide Trail (chemin de la ligne de partage des eaux), constituant la Triple Crown.

Randonnée « hors normes » de 4.270km aux USA, de la frontière mexicaine au Canada, son itinéraire, d’une beauté sauvage et grandiose, suit la première ligne de crête à l’ouest du pays. Le PCT peut être parcouru d’une traite en 5 à 6 mois. C’est une expérience unique qui marque une vie mais qui demande aussi un engagement bien préparé en raison de la longueur et de l’isolement, avec des étapes de plusieurs jours en autonomie.

PCT: Petit Chemin Tranquille ?

Pas vraiment, car la beauté se mérite. Si l’on s’en tient à la topographie, au climat et au relief, cette randonnée vers le nord est une rude et belle leçon de géographie. Ce parcours se divise, grosso modo, en 5 sections:

  • 1.000 km de zones désertiques du sud californien qui forment l’étape initiatique.
  • 550 km de haute montagne à travers la Sierra Nevada et le parc du Yosemite
  • 1.000 km de crêtes de moyenne montagne dans le nord de la Californie
  • 800 km de collines boisées dans l’Oregon jusqu’au très symbolique Pont des Dieux.
  • 750 km plus alpins pour traverser l’état de Washington jusqu’au Canada.

On peut également décrire l’itinéraire comme suit:

  • Sud Californie: zones désertiques, relief accentué, forte chaleur (désert de Mojave).
  • Sierra: haute montagne, vallées glaciaires et cols enneigés, moustiques et ours.
  • Nord Californie: zone de transition avec montagnes moyennes et vallées fluviales.
  • Oregon: sentiers forestiers, volcans, beaucoup de lacs et de moustiques.
  • Washington: haute montagne (neige) et vues magnifiques.

Le site de la PCT Association (PCTA) propose une vue détaillée de l’itinéraire

PCT Map
Que représente une telle distance ?
equivalent km pct2 (2)

Pour se faire une idée de ce que représenterait le PCT à l’échelle européenne, imaginez un itinéraire qui traverserait l’Europe à pied via un parcours de Gibraltar à … Saint-Pétersbourg. Impressionnant !

(itinéraire à pied de Google Maps, toutefois très théorique) .

Et pourquoi pas ?

Mark

Mi rêve – mi obsession. C’était LE projet de l’année 2019 …

Marcher 4 270 km pendant 5 mois, du Mexique au Canada. De Campo à Manning Park, en passant par les déserts du Sud Californien, les cols enneigés de la Sierra Nevada, les forêts de l’Oregon et les montagnes de la Cascade Range.

A quoi ça sert ? A rien, mais c’est sur ma liste*.

“I haven’t been everywhere, but it’s on my list.” – Susan Sontag

Car parmi les choses inutiles – et donc essentielles – que je souhaitais faire avant … qu’il ne soit trop tard, il y avait le PCT.

Le PCT (Pacific Crest Trail) est un itinéraire de randonnée qui traverse principalement des milieux sauvages préservés. L’éloignement des habitats, la distance et la topographie en ont fait un sentier « mythique » qui offre à ceux qui entreprennent de le parcourir les garanties d’une parenthèse enchantée, d’une aventure extraordinaire ou d’un défi personnel. Escalader les 4 421 m du Mont Whitney, dormir « in the middle of nowhere », user plusieurs paires de chaussures, éprouver à l’extrême le froid et la chaleur, la faim et la soif, l’enthousiasme et la lassitude, la peur et la sérénité.

C’est un peu plus que les 10 000 pas par jour recommandés par les médecins pour maintenir la forme. C’est beaucoup plus que tout ce que j’avais fait jusqu’ici 😉

Eté 2018, notes pour plus tard: même si j’ai l’expérience de randonnées au long cours (le Camino de Santiago, la traversée des Pyrénées par les GR10 et GR11, la Via Alpina, le chemin de Stevenson, le GR20 en Corse, … ) et quelques reliquats d’une condition physique formatée sur les terrains de rugby puis le macadam des marathons. Même si j’ai lu avec curiosité les récits des « thru-hickers » français qui m’ont précédé sur le PCT, même si je m’y prépare mentalement et matériellement depuis quelques mois, je ne sais pas ce qui m’attend. Et c’est tant mieux.

Mon objectif était de m’offrir un interlude de 5 mois et de « boucler » cette petite escapade, entre Mai et Septembre 2019, en marchant en moyenne 24 miles pas jour (soit 39 km) .

Arriver au bout. Apprécier chaque moment. Les bons et les moins bons.

Il y aurait peut-être les orages, les brûlures du soleil, les tempêtes de neige, les moustiques, les scorpions, les serpents à sonnettes, les pumas et les ours. Il y aurait peut-être le manque et l’ennui. Il y aurait peut-être des égarements. Mais se perdre c’est aussi se retrouver.

Alors pourquoi pas ?

24miles Viggo Stefan sur le senrier
Entrainement hivernal sur le Sentier des Douaniers